Apocalyptigirl par Andrew McLean

Avec Apocalyptigirl, sous prétexte de livrer une aventure de SF, Andrew McLean dresse un portrait de femme. Malheureusement, l’aventure est bien trop courte pour qu’on puisse vraiment s’y attacher.

 

 

Six ans qu’Aria est bloquée sur cette planète. Par le passé, il y a eu une apocalypse, et tous les savoirs et technologies ont disparu ou ont été ensevelis. Aria a pour mission de retrouver une mystérieuse source d’énergie. Mais après six années d’exploration, Aria n’y croit plus vraiment. Surtout que sa mission est compliquée par la présence de clans primitifs qui se livrent une guerre farouche. Réglisse, son chat, est le seul réconfort d’Aria dans ce quotidien violent…

 

 

 

Entre Robinson Crusoé et Je suis une légende

Apocalyptigirl, c’est avant tout une étude de personnage. D’une jeune fille au caractère bien trempé qui vit sur une planète étrange après l’apocalypse, pour être précis. Andrew McLean aurait pu en faire une héroïne dépressive, il n’en est rien. Aria est joyeuse et paisible. Elle porte sur le monde un regard sans haine, sans colère. Cela fait d’Aria un personnage intéressant et original à suivre. Andrew McLean n’oublie pas pour autant l’action, avec quelques combats et fusillades bien troussées. Mais on retiendra surtout ses calins avec Réglisse son chat. Du coup, on peut dire qu’Apocalyptigirl trouve ses racines dans 2 œuvres : Je suis une légende de Richard Matheson (pour le contexte) et Robinson Crusoé de Daniel Defoe (pour le portrait de personnage).

 

 

C’est bien trop court

Seulement voilà, si Andrew McLean montre de jolies choses, tant sur le plan de l’intrigue que sur le plan graphique (on va y revenir), le principal défaut de son Apocalyptigirl, c’est d’être beaucoup, beaucoup trop court pour qu’on s’attache réellement au personnage. En une centaine de pages, difficile d’en faire plus. C’est typiquement le genre d’histoire qui mériterait de se développer dans le temps. Du coup, tout est survolé dans Apocalyptigirl. Jamais on a le temps de s’attarder sur les détails. Andrew McLean suggère des mythes et légendes ou expédie l’histoire de la planète en quelques pages. Les différents clans ne sont qu’esquissés. Alors qu’on devine bien qu’il y a derrière pas mal de background. Et quand l’auteur termine par une chute finale à la 4ème dimension, disons qu’elle tombe un peu à l’eau.

 

 

Une patte graphique originale

Les dessins d’Andrew McLean ne plairont pas à tout le monde, dans le sens où ils s’écartent particulièrement du dessin mainstream. Un style unique et immédiatement original. On pense parfois à Michael Avon Oeming. On aurait tort de s’arrêter à sa première impression si elle est mauvaise. Car McLean a un joli coup de patte, tout en dynamisme sans jamais sacrifier à la tension. Mention spéciale à ses couleurs, minimalistes et éclatantes.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

Andrew McLean (scénario et dessin), Apocalyptigirl, Casterman, août 2018, 96 pages, 14,00 euros

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