« L’Art au service du pouvoir », une stratégie de communication de Napoléon Ier à Napoléon III

Depuis toujours, l’art a été mis au service du pouvoir mais rarement avec autant de réussite que sous les deux Empires napoléoniens. C’est ce que met en lumière, ce catalogue publié à l’occasion de l’exposition L’Art au service du pouvoir. Napoléon Ier – Napoléon III. 

A l’époque où la communication règne en maître, Pierre Branda (La Saga des Bonaparte) et Xavier Mauduit, agrégé et docteur en histoire, reviennent sur notre « passé médiatique » à travers l’art et son rôle dans la propagande napoléonienne. Il faut dire que l’enjeu est de taille pour chacun des deux empereurs.

 

Légitimité et réalité transfigurée

 

Pour Napoléon Ier, il s ‘agit d’imposer une légitimité nouvelle dans un pays qui sortait d’une monarchie millénaire mais aussi d’éblouir les monarques contemporains. Cela passe par des tableaux magistraux, comme Le Sacre de l’empereur Napoléon de David. Il consacre le nouveau régime le parant d’une majesté imaginée mais qui va marquer des générations d’écoliers. L’art permet également de transfigurer ses échecs et de magnifier ses succès.Il suffit pour cela de comparer deux tableaux : dans son  Napoléon franchissant le Grand Saint-Bernard, David offre une vision conquérante et fière du souverain tandis que le Napoléon franchissant les Alpes de Paul Delaroche livre une vision plus réaliste de Napoléon perché sur une mule.  Les commandes et le mécénat de Napoléon Ier touchent tous les domaines : la sculpture, la gravure, le mobilier, la porcelaine, les bijoux ou encore les objets du quotidien.

 

Art et continuité dynastique

 

Pour Napoléon III, l’enjeu n’est pas moindre. Contrairement à son oncle, il ne peut se prévaloir de victoires militaires mais il veut tout autant éblouir. S’il manque de moyens en tant que prince-président, son coup d’Etat change la donne : il se lance alors dans une rénovation des palais qu’il dote du mobilier nécessaire. La rénovation du Palais de l’Elysée en est l’exemple le plus connu.  Il s’agit également pour lui d’inscrire sa dynastie dans l’histoire de France : il crée le Musée des souverains en 1852 dans une aile du Louvre. L’art lui permet enfin de faire le lien entre les deux empires : Le Passé, le Présent et l’Avenir de Moraine le représente auprès de son oncle, de l’Aiglon et de son fils.

 

Tout est sujet à production artistique, tout est support à propagande. Ce catalogue, richement illustré, présente ainsi une analyse de ces objets et de leur rôle dans la propagande impériale. Ces objets sont à découvrir dans l’exposition L’Art au service du pouvoir. Napoléon Ier- Napoléon III à l’Atelier Grognard de Rueil Malmaison jusqu’au 9 juillet 2018.

 

Clio Baudonivie

 

Pierre Branda et Xavier Mauduit (sous la direction de), L’Art au service du pouvoir. Napoléon Ier- Napoléon III, Perrin, mars 2018, 192 pages, 23 euros

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