« Birthday Girl », Haruki Murakami et la portée d’un vœu

Couverture de Birthday GirlD’abord publiée dans le recueil de nouvelles Bāsudei sutōrīzu (« Histoires d’anniversaires ») en 2002, Bāsudei gāru (« fille dont c’est l’anniversaire ») est traduit (en français !) par… Birthday Girl. Incluse dans le recueil Saules aveugles, femmes endormies (Belfond, 2008), la nouvelle Birthday girl a maintenant son édition propre, et quelle édition !

 

Un objet magnifique

Belfond continue son très beau travail d’édition en volume séparé des grandes nouvelles de Murakami. Après Les Attaques de la boulangerie ou L’Étrange bibliothèque, chacun ayant sa couleur propre, c’est de rouge que se revêt Birthday girl. Une couverture cartonnée, un papier glacé de très belle main, les illustrations de Kat Menschik en pleine page et une composition soignée. D’abord, ce livre est un objet magnifique.

 

La force d’un vœu

Une jeune fille est contrainte de travailler comme serveuse le jour de son anniversaire. Elle reçoit de l’étrange propriétaire du restaurant un cadeau hors du commun : un vœu.

 

Je ne vais pas vous offrir quelque chose de matériel. Mon cadeau n’aura rien à voir avec un objet de valeur. En fait, voilà ce que j’aimerais offrir à la merveilleuse fée que vous êtes, mademoiselle. Vous allez faire un voeu. Et je l’exaucerai. Quel qu’il soit. À condition que vous ayez un voeu à formuler. »

 

Mais de ce vœu, le lecteur ne saura rien. Et quand le vieux monsieur annonce qu’il est réalisé, rien ne se passe, non plus. Longtemps après, la jeune fille est devenue femme, mère de famille, installée, bourgeoise, et raconte à un ami dans un bar cette étrange rencontre. Qu’en conclure ? Quel vœu aurait-fait cet ami s’il avait été à sa place ? Autant de questions qui relève la puissance du cadeau initial, car comment savoir si la vie d’après n’est pas, dans le temps, la réalisation du vœu ?

 

Extrait de Birthday Girl

 

 

Haruki Murakami signe ici une nouvelle à l’allure bien simple mais qui ne cesse d’interroger le lecteur. Et les magnifiques illustrations de Kat Menschik confirment la portée métaphysique du texte.

 

Loïc Di Stefano

 

Haruki Murakami, Birthday girl, illustration de Kat Menschik, traduit du japonais par Hélène Morita, Belfond, novembre 2017, 72 pages, 17 euros

 

 

 

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