Black Magick, tome 2 – Passé recomposé par Greg Rucka et Nicola Scott

Le premier tome de Black Magick m’avait beaucoup plu. La proposition de Greg Rucka de mélanger polar et sorcellerie m’avait séduite, et j’étais curieux de lire la suite des aventures de Rowan Black. Malheureusement, le tome 2 montre déjà quelques signes de faiblesses et d’essoufflements.

 

 

 

La policière Rowan Black continue d’enquêter sur l’homme qui s’est immolé devant ses yeux après avoir pris en otage plusieurs personnes. En effet, cet étrange personnage a révélé qu’il connaissait son véritable nom. Un détail qui a énormément d’importance. En effet, Rowan est une sorcière et sait que quiconque détient votre véritable nom possède un véritable pouvoir sur vous. Elle doit donc rapidement découvrir ce qui se cache derrière cette prise d’otages. D’autant plus que Rowan est le centre d’intérêt d’une entité occulte et d’une organisation secrète. La première semble en vouloir personnellement à la meilleure amie de Rowan, elle aussi sorcière. Quant à l’organisation occulte, elle traque les sorcières depuis la nuit des temps…

 

La magie est toujours en couleurs. Un procédé qui commence déjà à trouver ses limites.

 

Greg Rucka jouerait-il la montre ?

J’attendais beaucoup de ce tome 2 de Black Magick. Probablement trop, puisque je l’ai refermé avec un sentiment de petite déception. Le tome 1 installait pas mal d’éléments narratifs, et j’espérais sans doute le même foisonnement. Mais, si le scénariste Greg Rucka reste toujours aussi doué pour écrire des personnages féminins crédibles, j’ai eu le sentiment que cette nouvelle salve d’épisodes n’apportait rien de véritablement neuf. Grosso modo, à la fin du tome 2, on en est à peu près au même point qu’à la fin du tome 1. Alors oui, Greg Rucka affine ses idées. On en sait maintenant un peu plus sur les organisations et entités en place. Il y a bien le premier épisode du recueil, entièrement consacré à la jeunesse de Rowan et son initiation en tant que sorcière. Ou bien encore l’arrivée d’une entité particulièrement vicieuse et qui s’immisce dans le quotidien de Rowan. Mais l’ensemble m’a donné l’impression de faire du sur-place et de manquer d’originalité. Le double statut de flic ET sorcière fonctionne moins bien que dans le tome 1, par exemple. Sa profession ne devient que prétexte à obtenir des indices ou à enquêter. Pire, le familier de Rowan, dont on découvre la véritable nature, m’a semblé tout de même bien stéréotypé. Qu’on se rassure, du Greg Rucka en petite forme, ça reste bien plus lisible qu’un paquet de scénaristes de comics US. Mais j’en arrive à un point où le tome 3 sera décisif pour moi et mon intérêt. Un tome 3 qui va probablement se faire attendre puisque depuis l’épisode n°11 paru fin mars 2018 (et terminant ce tome 2), aucun nouvel épisode n’a été publié aux USA

 

Les visages dessinés par N. Scott sont particulièrement expressifs.

 

En nuances de gris

De son côté, la dessinatrice Nicola Scott poursuit son expérimentation du noir et blanc parsemé de touches de couleurs. Pour rappel, Black Magick est colorisé en nuances de gris, avec de temps en temps des touches de couleurs pour relever quelques effets magiques. Ça avait bien fonctionné dans les premiers épisodes. Ici, par contre, à force d’enchainer pages grisâtres sur pages grisâtres, on se surprend à se dire qu’un peu de couleurs ne ferait pas de mal. J’ai eu le sentiment pour la premières fois d’effets visuels un peu faciles (les sorts, les yeux de l’entité maléfique, le chat…) ou d’un procédé un peu redondant qui ne se renouvelait pas. J’espère que Nicola Scott trouvera une solution pour au moins donner un peu de variété à la colorisation. Par contre, elle n’a pas son pareil pour dessiner les portraits (il y en a de superbes dans ce tome 2, encore une fois). Ses regards, ses sourires sont particulièrement réussis et apportent beaucoup de profondeur et d’humanité à son héroïne.

 

Stéphane Le Troëdec

 

Greg Rucka (scénario), Nicola Scott (dessin), Black Magick, tome 2 – Passé recomposé, traduit de l’anglais par Alex Nikolavitch, Glénat Comics, septembre 2018, 160 pages, 17,50 euros

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