Blue Giant, tome 5 : du jeu en groupe

Alors qu’il a enfin atteint la parfaite maîtrise de son instrument, le jeune Dai Myamoto a quitté sa province et s’est rendu à la capitale pour vivre son rêve de jazz. Dans un club, il rencontre Yukinori Sawabe, un pianiste de son âge, aussi doué et investi que lui dans l’amour du jazz, mais aussi bien plus avancé dans sa vie de musicien. Et ce pour quoi le jazz est fait va avoir lieu : ils vont jouer en groupe ! Ainsi le tome 5 de Blue Giant est l’ouverture de Dai sur le monde dont il rêve tant.

Ce qui est intéressant dans ce cinquième tome, c’est la confrontation entre les deux musiciens qui incarnent chacun une méthode et une attitude face à la musique. Pour Yukinori, il faut respecter le cadre (la trame harmonique, la grille des accords) car alors « aucune note ne sera discordante » et improviser à l’intérieur de ce cadre. Pour Dai, au contraire, il faut s’envoler, créer des solos qui soient chacun un don de soi, et aux musiciens de s’adapter, de suivre. Ainsi, deux moments dans l’histoire du jazz où Dai incarne le free jazz le plus débridé.

Cette différence se retrouve quand il s’agit de trouver de nouveaux musiciens. Yukinori veut absolument trouver de très grands techniciens alors que Dai laisse d’abord parler l’enthousiasme, notamment celui de Dai, son collocataire, qui se découvre un intérêt pour la batterie. 

Ce cinquième tome de Blue Giant est le premier où il est question de jazz comme expérience collective, même si on avait des prémices dans les yeux de Dai observateur. Et de voir Dai imposer ses vues, ses convictions !


Un cinquième tome très vivant, et qui ouvre de nouvelles perspectives tout en continuant de peaufiner le portrait de Dai.

Loïc Di Stefano

Shinichi Ishizuka, Blue Giant, tome 5, Glénat, janvier 2019, 200 pages, 7,60 eur

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