Cécile Reyboz, Clientèle

Des romans sur le monde impitoyable du travail, il en existe déjà. Citons par exemple l’excellent Jeune professionnel de Guillaume Noyelle (éditions Bartillat). Cécile Reyboz cependant déplace le point de vue et met son histoire personnelle — elle est avocate du droit du travail — pour à la fois faire le récit de sa spécialité et du quotidien de ses clients.

 

 

Défendre ceux qui en ont besoin

Clientèle est une plongée dans le quotidien de ceux qui ont besoin qu’on défendre leurs droits. Il s’agit d’un relevé de la longue expérience, de cas, qui touchent à la défense des droits pour éviter de sombrer. Ils sont écrasés par un système dont ils ne maîtrisent pas les règles, et que d’autres s’évertuent à manipuler pour alléger la donnée variable : l’homme. C’est toujours sur le dos des travailleurs que s’ajuste les bénéfices… Et chacun doit être défendu avec toute la vigueur et l’engagement possible d’une technicienne, mais surtout être reconnu dans son humanité.

 

 

Le roman d’une femme face au monde

Mais Clientèle est avant tout un roman, celui d’une femme qui s’investit dans la vie des autres. Qui donne sa vie aux autres et à une certaine idée de la justice sociale, dans une société qui a perdu la valeur humaine au profit d’une valeur travail. C’est aussi l’histoire de cette femme et de ses problèmes personnels, de sa vision du monde où l’engagement et l’altruisme sont moteurs…

 

 

Un roman pour deux visages

Le roman alterne les deux visages, celui de l’avocate qui parle au nom de son cabinet et évoque ses clients, et celui de la femme qui regarde le monde et constate que sa vie serait moins heureuse sans cet engagement. Le texte souffre peut-être d’un déséquilibre et d’une surabondance de cas exposés au détriment de la vie de la narratrice, mais Clientèle est un roman qui marquera par la violence exposée, cette violence faite aux hommes pour le Saint Profit…

 

 

Loïc Di Stefano

 

Cécile Reyboz, Clientèle, Actes Sud, janvier 2018, 195 pages, 19 euros