« Celui qui dénombrait les hommes » de China Miéville

Un auteur majeur de la science-fiction britannique actuelle

China Miéville, pour ceux qui ne le connaissent pas (il y en a encore) est l’auteur du cycle de Bas-Lag, inauguré par Perdido station qui l’a fait connaître du public des amateurs, et a remporté le Prix Hugo en 2010 avec The city & the city. Avec Kraken, il a démontré qu’il savait croiser les genres avec succès, sous la double influence de Michaël Moorcock et d’H.P.Lovecraft (Miéville sait choisir ses maîtres tutélaires avec soin). Après Merfer, roman pour la jeunesse publié en France en 2016, Les éditions Fleuve (lointaine descendante du Fleuve noir) ont publié en octobre Celui qui dénommait les hommes.

 

 

« L’enfance nue » (Maurice Pialat)

Celui qui dénombrait les hommes se déroule dans une ville suspendue dans les airs, entre deux montagnes. Un enfant déboule un jour dans les rues. Il est le fils du faiseur de clefs, un étranger un peu excentrique qui vit dans la montagne avec sa femme et son fils. Cet enfant raconte à qui veut l’entendre que son père commet des meurtres et qu’il jette les cadavres dans une fosse près de chez eux. Il vient d’ailleurs de se débarrasser de sa mère. Personne ne le croit, sauf les enfants du pont, des orphelins rebelles. Quand son père vient le récupérer, les adultes le lui rendent. L’enfant, qui craint son père, redoute une vengeance. Pas du tout, son père s’occupe de lui, lui fait à manger. Quand il fugue, il vient le chercher au poste de Police et insulte les policiers qui ont frappé son fils. L’enfant est-il fou ? Un jour, un recenseur vient sonner à leur porte.

 

 

Une fiction étrange

Difficile en terminant Celui qui dénombrait les hommes de qualifier l’ouvrage. On est face à un roman s’inscrivant entre fantasy et de fantastique, qui peut être lu autant par un public adolescent qu’adulte. Le rythme de l’ouvrage est lent, l’ambiance met du temps à s’installer. Attention, ce n’est en rien un problème. Un auteur a le droit de prendre son temps. Miéville excelle à rendre le climat de l’enfance, entre rêve et cauchemar : le père a-t-il tué la mère ? Freud n’est pas loin (il aurait aimé ce livre). La fin cependant laisse le lecteur sur la fin, on ne saura jamais si le père est vraiment un meurtrier. Dommage.

 

Sylvain Bonnet

 

China Miéville, Celui qui dénombrait les hommes, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Nathalie Mège, Fleuve Editions, « Outre Fleuve », octobre 2017, 192 pages, 17,90 euros

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