« Cher lecteur », promenades littéraires de Georges Picard

Même si Georges Picard est un écrivain discret, son écriture précise et précieuse réunit, comme autour de Maurice Blanchot, un lectorat fidèle. Happy few ! Romancier et essayiste, il porte son regard sur les petites failles des hommes.

Composé comme un ensemble de réponses aux éventuelles questions que pourraient lui poser ses lecteurs, Cher Lecteur — on appréciera le singulier, son lecteur singulier… — est l’occasion de faire le point sur son rapport aux livres, à la lecture, à la littérature et, par là, au monde alentour. Georges Picard en profite pour divaguer dans ces petits chemins qu’il affectionne particulièrement et nous offrir quelques portraits des écrivains qui ont compté pour lui.

 

Un jour, un imbécile qui me voyait lire Proust m’a reproché de préférer la compagnie des morts à celle des vivants. Le pauvre se croyait plus vivant que Proust ! »

 

C’est un moment délicieux que cette lecture. Car Georges Picard est aussi un grand lecteur, un homme précis qui fait mine d’être dilettante pour mieux conduire son lecteur dans des chemins de traverse. Un stendhalien, en somme, qui nous facilite la rencontre de quelques grandes figures totémiques, comme Proust ou Dostoïevski, Kafka ou Rimbaud. Aucune cuistrerie, mais des conseils de lecture car le style prime sur tout, même sur les « mauvaises fréquentations » que sont pour lui Céline ou Chardonne. Le style qui fait tout l’intérêt la langue et, par là, de la littérature.

On appréciera son attrait pour les écrits sur la lecture ou l’écriture, et notamment les « chefs-d’œuvre d’intelligence, de culture et de style de Julien Gracq », figure dont à coup sûr on peut le rapprocher même si, sans doute, il refuserait par trop de modestie cette proximité.

Quel plaisir, immodéré, de passer quelques heures élégantes en compagnie de Georges Picard et de quelques-uns de ses auteurs de cœur.

 

Loïc Di Stefano

Georges Picard, Cher lecteur, Editions Corti, 189 pages, 17 euros

 

 

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