« Crimson », l’odyssée vampirique d’Alex Elder

Crimson - OmnibusLa réédition en omnibus de Crimson permet de redécouvrir cette superbe série. Mais aussi d’observer l’évolution du trait d’Humberto Ramos, un dessinateur au style inimitable.

 

 

Au cours d’une soirée avec ses amis, le jeune Alex Elder est attaqué par un gang de vampires. Il doit sa survie à Ekimus, un des derniers représentants d’une espèce antédiluvienne. Ekimus est persuadé qu’Alex est l’Élu. Le jeune vampire devient le premier d’une nouvelle race de suceurs de sang aux pouvoirs décuplés. Alex doit maintenant s’habituer à sa nouvelle condition. Mais d’autres créatures surnaturelles se dressent sur son chemin : d’autres vampires, mais aussi des loups-garous, des anges et des démons…

 

 

 

Crimson, une saga flamboyante

Cette réédition de Crimson au format intégrale est l’occasion pour le lecteur de profiter de cette série passionnante sur le long terme. Bryan Augustyn et Humberto Ramos tirent leur épingle du jeu sur les thèmes éculés du vampirisme et de l’élu. Le duo d’artistes s’amuse à déconstruire certains stéréotypes du genre vampirique pour mieux rebondir. L’histoire évolue ainsi rapidement de l’aventure gothique vers la prophétie de l’élu. Cette intrigue prend alors une ampleur réellement inattendue. Des personnages secondaires, mais particulièrement soignés, prennent soudain une importance insoupçonnable. Glénat Comics a eu la bonne idée de réunir tous ces épisodes dans un énorme pavé de plus de 600 pages. La quête d’Alex peut ainsi se déployer majestueusement sur plus de vingt épisodes passionnants et menés tambour battant.

 

Extrait du comics Crimson - Omnibus
crédit : Humberto Ramos (Image Comics)

 

Un Humberto Ramos en pleine évolution

Grâce à cet omnibus Crimson, le lecteur peut mesurer l’évolution du style graphique du dessinateur Humberto Ramos. Dans les premiers épisodes, le style de Ramos se veut encore marqué des influences du manga et d’Arthur Adams. Mais progressivement, on perçoit un changement dans son trait. Ramos construit consciencieusement son univers graphique. Son dessin s’affirme, s’épure et se simplifie. Les visages deviennent anguleux et caricaturaux. À la fin des années 90, Crimson est une des rares séries du label Cliffhanger à paraître régulièrement. Ce rythme de publication ne semble pas gêner le dessinateur. Au contraire, on a l’impression qu’il y puise une énergie et un goût de l’épure salvateur. Marvel ne s’y trompera pas : l’éditeur débauchera le jeune talent pour lui confier ses personnages les plus célèbres (X-Men, Spider-Man).

 

Extrait du comics Crimson - Omnibus
crédit : Humberto Ramos (Image Comics)

 

Le joyau caché du label Cliffhanger

Après la création d’Image Comics, Jim Lee monte le label « Cliffhanger ». Il y annonce alors trois séries : Danger Girl se veut un ersatz des aventures de James Bond signé J. Scott Campbell. Battle Chasers est un univers heroic fantasy confié à Joe Madureira. À côté de ces deux mastodontes, Crimson et son univers inspiré du film Génération Perdue fait presque figure d’outsider. Et pourtant… Plombées par des retards fréquents, les deux premières séries agacent les lecteurs (surtout Battle Chasers). Au final, la saga de Ramos et Augustyn sera la plus régulière des trois. Près de 20 ans après sa parution aux États-Unis, la série Crimson s’avère toujours aussi agréable. Vivement conseillé.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

Brian Augustyn, Humberto Ramos (scénario), Humberto Ramos (dessin), Crimson Omnibus, Glénat Comics, décembre 2017, 656 pages, 49,00 euros

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