« Le dernier homme » : Et si un homme se prenait pour Dieu ?

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Depuis début 2017, nous avons redécouvert l’auteur Margaret Atwood, dont le livre La Servante Ecarlate a été adapté en série. Elle a par ailleurs remporté en octobre dernier le prix Franz Kafka.
Margaret Atwood fait partie de ses auteurs avant-gardistes qui imaginent les dérives possibles de notre société.
C’est en 2003 qu’elle écrit Le Dernier homme, premier livre d’une trilogie de livres d’anticipation, comprenant Le Temps du déluge et Maddaddam.

Snowman, alias Jimmy, est le dernier homme. Seul survivant de l’espèce humaine telle que nous la connaissons, il cohabite avec les Crakers, des êtres humains génétiquement modifiés, insensibles à tout ce qui peut rendre un homme violent : la religion, la jalousie, le désir sexuel, l’amour…
Et pendant que Snowman tente de survivre dans ce nouveau monde qu’il ne contrôle pas, tel un Robinson entouré de ses Vendredi, il leur raconte Crake, leur créateur. Et se remémore la véritable histoire.

 

Que s’est-il passé ? D’où viennent les Crakers ? Est-il réellement possible de modifier la nature humaine ?

Imaginons un monde où tout est contrôlé par de grandes multinationales, une société sans limite et sans tabou où les exécutions sont filmées et rediffusées sur le net, où les étudiants peuvent faire appel aux services de call-girls via leurs universités…
Un monde où l’être humain n’a plus aucun scrupule a modifier génétiquement les animaux pour en faire de véritables réserves d’organes prêtes à l’emploi, où les poulets ne sont plus des animaux mais seulement une réserve de nourriture, littéralement sans cerveau, où de nouvelles espèces ont été crées en laboratoire, tandis que des centaines d’autres se sont éteintes.

C’est dans cette société qu’ont grandit Jimmy et Glenn. Comme la plupart des adolescents ils passent leur temps à zoner, à fumer des joints, à regarder des films pornos et à jouer à des jeux en ligne. Notamment un, Extinctathlon,  animé par un certain MaddAddam. Glenn y prendra le surnom de Crake, un premier pas dans sa future destinée de démiurge…

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Avec Le Dernier homme, Margaret Atwood explore un autre monde potentiel, celui de la sur-consommation à outrance et des dérives scientifiques. Et encore une fois on ne peut s’empêcher de faire des parallèles avec ce que nous connaissons déjà… Comment ne pas comparer les CoqOTops et la viande in vitro ? Comment ne pas sentir peser l’ombre de Monsanto sur les cultures intensives de Cafésympa ?

Le Dernier homme est donc un livre dérangeant, qui prête à réflexion, mais également envoûtant où Margaret Atwood prouve encore une fois ses dons d’écrivain.

La première chose qui m’a interpellé dans Le Dernier homme, c’est la différence de vocabulaire et de tournures de phrase par rapport à La Servante Ecarlate. Margaret Atwood ne fait pas partie de ces auteurs qui font les personnages à leur image, mais elle leur insuffle véritablement une vie propre.
Il y a tout de même un point commun entre les deux romans, c’est cette capacité qu’à l’auteur à raconter l’avant et le présent, de croiser les chapitres et de nous raconter deux histoires en même temps, celle de Jimmy et celle de Snowman, jusqu’au moment où le premier rejoint le deuxième…

Le Dernier homme nous tient donc en haleine jusqu’à la dernière page.

 

Margot Baudonivie

 

Margaret Atwood, Le Dernier Homme, traduit de l’anglais par Michèle Albaret-Maatsch, 10/18, octobre 2007, 474 pages, 8,80 euros

 

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