La 6e Insu : interview avec la photographe Barbara d’Alessandri

 Après une carrière de mannequin international, Barbara d’Alessandri devient auteur, metteur en scène, et photographe vite réputée dans le monde de la mode et de la chanson. Avec un premier livre consacré au rire en collaboration avec Pierre Lescure (Rires, Le cherche Midi, 2007), elle a su montrer qu’elle pouvait suivre un projet cohérent au long cours. De la même manière, elle photographie les artistes pour l’album La Bande à Renaud, disque hommage au chanteur où tous posaient avec le fameux bandana rouge.
Son travail alterne les portraits pour la presse magazine, les photographies officielles, des projets plus personnels, et un vrai travail d’accompagnement d’artistes comme c’est le cas avec Jean-Louis Aubert et Michel Houellebecq pour la promotion de l’album que le musicien consacre à l’écrivain, Les Parages du vide. En 2016, elle se fait « petite souris » et suit la tournée des Insus. Elle en extrait le beau livre de photographies L’Insu des Insus. C’est à cette occasion qu’elle rencontre Boojum.
6e Insu ? la 5e place revient à François Ravard, le manager historique du groupe.

(Photographe, elle n’aime pas être face à l’objectif elle-même. Ou bien l’a-t-elle trop été ? Nous avons insisté, pleuré, quémandé, mais nos efforts sont restés vains… Alors nous utiliserons certains de ses beaux clichés pour rendre hommage à son talent.)

 

Jean-Louis Aubert et Michel Houellebecq (photo de Barbara d'Alessandri)
© Barbara d’Alessandri

 

Entretien avec la photographe Barbara d’Alessandri

C’est Jean-Louis Aubert le premier Téléphone que vous avez rencontré, était-ce sur l’album Les Parages du vide sur des poèmes de Michel Houellebecq ou sur l’album hommage à Renaud ? Et comment s’est passé cette rencontre ?

Ma rencontre avec Jean-Louis Aubert est  en fait un peu plus ancienne. Elle date de ses photos de presse pour l’album Roc Eclair.  Je shoote vite, j’aime les prises de vues  spontanées, joyeuses et Jean-Louis a beaucoup d’humour. Le climat de cette séance est rapidement devenu très amical et ceci s’est confirmé au fil de nos différentes collaborations.

 

Et Téléphone est un groupe important pour vous comme « fan » ?

Ho ouiii 🙂 Ils étaient et sont toujours inégalables.

 

La tournée des Insus à été l’occasion de réentendre des chansons moins connus que les grands succès. Lesquelles vous touchent le plus ? Je peux écouter Fleur de ma ville ou Le Silence en boucle. Et vous ?

Je peux tout réécouter !!! D’ailleurs, avec l’âge et l’expérience 😉 j’ai perçu certains titres tout à fait différemment.

 

À quel moment avez-vous décidé de les suivre en tournée ?

Cela n’a jamais vraiment été une décision et je n’étais pas là tout le temps ! Je suis venue aux premières répétitions, aux premiers concerts, je shootais comme ça, juste pour le souvenir de ces instants historiques. J’assistais au rendez-vous les plus marquants et petit à petit j’ai fait parti des meubles !

 

Et à quel moment avez-vous décidé d’en faire ce beau livre ?

Au tout début je pensais confectionner un scratch book pour les garçons et les plus proches. Et puis finalement, en leur montrant les images, il nous est apparu évident de partager ces clichés.

 

Photo de Barbara d'Alessandri
© Barbara d’Alessandri

 

Quelle est la différence entre ce travail sur un groupe en scène et des portraits plus « classiques » comme votre travail sur Emmanuel Macron ou Benoît Poelvoord ?

Pour les portraits classiques, la personne en face de moi sait que je suis là et elle sait aussi pourquoi je suis là ! Nous sommes dans un échange avec une finalité claire : faire une image, si possible belle ! Sur scène au contraire, je devais me faire oublier. Aucuns des garçons n’étaient là pour moi ! Pas de poses, d’intentions, de séductions. Ils étaient là pour travailler ensemble, à moi de saisir ce que je pouvais, sans déranger !

 

La plupart de vos photographies sont en noir et blanc. Qu’ajoute selon vous cette spécificité ?

De la poésie, de l’intemporalité, du mystère, du rêve, de la magie, du fantasme, de l’enchantement, de l’imaginaire… bref… j’adore le noir et blanc ! Les images de scène sont, elles, en couleurs pour retranscrire la joie pétaradante de ces concerts.

 

À quoi savez-vous que telle photographie est réussie ?

Mmmm, le sait-on jamais ? C’est du domaine de l’émotion donc totalement subjectif. Certain-e-s seront touché-e-s par une image qui laissera d’autres de marbre. J’essaie d’avoir un regard neuf et neutre au moment du choix. Je m’arrête sur une photo en fonction de la sensation qu’elle suscite en moi à cet instant, en espérant qu’elle racontera une belle histoire à d’autres.

 

Avez-vous envie de renouveler cette expérience avec d’autres groupes ? d’autres projets à venir ?

Tout ça s’est fait sans préméditation et c’est, je crois, ce qui en fait le charme. Difficile de savoir si réitérer est une possibilité ni même une bonne idée ! À voir…mais qui sait… Pour l’heure je me consacre à mes autres passions : l’écriture et la réalisation.

 

Photo de Barbara d'Alessandri
© Barbara d’Alessandri

 

Propos recueillis par Loïc Di Stefano

 

Barbara d’Alessandri, L’Insu des Insus, Sonatine, novembre 2017, 268 pages, 35 euros

Pour plus d’informations sur le travail de Barbara d’Alessandri, on consultera avec intérêt son site professionnel.

 

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