« La France au miroir de l’immigration », le grand défi

Un débat ancien

Ah, l’immigration… Depuis les années 70, tout le monde politique en parle, de droite comme de gauche. Le FN en a fait son fonds de commerce, avec le succès qu’on a vu. Il reste qu’un malaise s’est installé au sein de la population française, attisé par les récents attentats islamistes et la polémique sur l’absence des populations des banlieues lors des manifestions du 11 janvier 2015 (Alain Finkielkraut est revenu sur ce thème quand il a commenté les funérailles de Johnny Hallyday). Le livre de Stéphane Perrier est un pavé lancé dans la mare d’un débat qui n’a jamais véritablement été posé dans ce pays. La polémique tue-t-elle ? En tout cas, allons au fond du livre !

 

 

Immigration de masse

Pour Stéphane Perrier, à la suite d’autres auteurs (on pourrait citer Michèle Tribalat), l’immigration a changé de nature depuis la fin des années 90. Elle est redevenue massive, comme durant les Trente Glorieuses, et surtout majoritairement extra-européenne. L’auteur montre chiffres et courbes qui ont de quoi donner le tournis et qui veulent démontrer que non seulement l’immigration augmente mais qu’en plus la part de ces immigrés dans les naissances augmente aussi. Soit, c’est possible. Pour autant, le problème principal pour l’auteur n’est pas forcément là.

 

Crise d’identité ?

En sus donc du débat sur l’immigration que ce livre brillant et parfois partial peut susciter, Stéphane Perrier y voit un révélateur de la crise d’identité de notre pays, dont les premiers symptômes remontent selon lui à l’après-Première guerre mondiale. La France est selon lui un pays dépressif, qui doute de lui, à la suite de Vichy et de la décolonisation. Comment assimiler, comment intégrer des populations étrangères si règne un climat volontiers propice à l’autodénigrement ? Voire à la haine de soi ? L’auteur dépeint ici un non-sens complet. Comment les « souchiens » (merci au PIR et à la sinistre Houria Bouteldja) seraient-ils dignes d’intégrer à leur communauté nationale des immigrés issus de leur ancien empire colonial alors qu’ils sont les héritiers de crimes horribles ? Ici, disons-le, le livre marque des points.

 

source : rapport Frontex

 

Des limites

Gageons que ce débat est ancien et que ce livre n’en est pas le point final. Gageons aussi que les vagues actuelles d’immigration ne sont rien si on prend en compte l’impact du réchauffement climatique et des réfugiés qui en découleront (eh oui, Donald, ce n’est pas fini). Cependant, il convient de remarquer que le lien entre les deux problèmes, qui existe, n’exclue pas non plus d’autres situations. La Grande-Bretagne ne connaît pas la même atmosphère d’autodénigrement mais a aussi énormément de difficultés à intégrer certaines populations immigrées. Ensuite, identifier et trouver des valeurs communes (elles existent) implique qu’elles soient reconnues par tous les acteurs : vaste problème. Car au final, et là Stéphane Perrier pourrait me rejoindre, la France peut intégrer beaucoup de monde mais encore faut-il qu’elle le veuille et que les immigrés en question le veuillent également.

 

À lire en tout cas car, avec le réchauffement climatique, nous ne sommes qu’au début de vagues migratoires importantes…

 

 

Sylvain Bonnet

 

Stéphane Perrier, La France au miroir de l’immigration, Gallimard « Le débat », septembre 2017, 304 pages, 22 euros

 

 

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