Frank Cho, hybride et indigeste dans « Skybourne »

Skybourne ou le mélange improbable entre le mythe de Lazare, James Bond et Indiana Jones… Malheureusement, Frank Cho ne transforme pas l’essai : le résultat est un comics qui laisse indifférent…

 

 

De l’Évangile selon Saint Jean à James Bond 007…

L’Évangile selon Saint Jean raconte que Lazare serait mort, puis ressuscité quatre jours plus tard. Ce que les textes sacrés ne racontent pas, c’est que Lazare a eu trois enfants : Abraham, Thomas et Grace Skybourne. Tous les trois possèdent des pouvoirs extraordinaires : une force incroyable et une peau impénétrable, en plus de l’immortalité. Rien que ça.
Avec de tels capacités, Grace Skybourne est devenue un agent au service secret du Vatican. Elle récupère des artefacts magiques pour qu’ils ne tombent pas entre de mauvaises mains. Sa dernière mission l’envoie à Istanbul récupérer Excalibur. Seulement, Grace tombe sur un adversaire beaucoup plus fort qu’elle, Merlin l’Enchanteur. Ce dernier assassin froidement l’espionne avant de disparaître. Un de ses frères est alors contacté par le Vatican pour comprendre les motivations de Merlin… et venger la mort de sa sœur !

 

Un scénario sans grand intérêt

Dans Skybourne, Frank Cho s’amuse à mélanger plein de références, à les croiser les unes aux autres. Dans son intrigue, on croise donc, dans le désordre, des scènes qui rappellent James Bond, Indiana Jones, Arthur et les chevaliers de la Table Ronde, des dragons, des loups-garous, des sirènes… et même l’indicible Cthulhu ! Vous trouvez que cela fait beaucoup pour une histoire d’une centaine de pages et bouclée en 5 petits épisodes ? Je suis d’accord avec vous. Tout porte donc à croire que Frank Cho est parti dans un gros délire, sans vraiment réfléchir à écrire une histoire sur le long terme. Il invoque des figures bien connues des lecteurs, mais tout paraît terriblement vain. Ajoutez à cela un ton totalement détaché, voire humoristique, et on y croit déjà plus du tout à la moitié de l’album. Résultat : Skybourne n’a pas d’enjeux, pas de tension, et se termine dans l’indifférence et la précipitation (on ne saura jamais qui est le troisième frère, par exemple).

 

 

Frank Cho, fidèle à lui-même, mais le cœur n’y est pas…

Reste alors les dessins de Frank Cho. De ce côté, Skybourne arrive à tirer son épingle du jeu. On connaît les forces de l’artiste : les femmes pulpeuses. Même si Frank Cho met la pédale douce et ne profite pas vraiment de la présence de Grace. Non, passé le premier épisode, son personnage principal, c’est bien Thomas Skybourne ! Ses planches sont belles, avec des couleurs pastels agréables et surtout des expressions de visages détaillées. Mais sans scénario digne de ce nom, on finit par feuilleter Skybourne comme un bel artbook plus que comme une bande dessinée…

 

Stéphane Le Troëdec

 

Frank Cho (scénario et dessin), Skybourne, Delcourt, mai 2018, 128 pages, 16,50 euros

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