Gauguin, fac-similé de son « Ancien Culte mahorie »

Couverture de Gauguin Ancien Culte mahorieAvec « Gauguin, Ancien Culte mahorie », Gallimard réédite les travaux que Gauguin a consacré à la culture polynésienne. Des illustrations et des textes servis par un magnifique écrin.

La genèse de « Gauguin, Ancien Culte mahorie »

Jacques-Antoine Moerenhout (1796-1879),  commerçant, explorateur et ethnologue, est un diplomate franco-belge. Son rôle fut crucial pour l’implantation de la France en Polynésie. Il publie en 1837 Voyage aux îles du Grand Océan. Cet ouvrage est à l’origine de la passion de Paul Gauguin (1848-1903) pour la Polynésie.

Ainsi, de sa propre expérience et de cette lecture, Gauguin tire son Ancien culte Mahorie. Sans doute écrit en 1892 lors de son premier voyage, il est publié en 1951 en fac-similé par René Huygue. Depuis 1927, le manuscrit est conservé au Louvres.

Une édition particulièrement soignée

Gallimard publie une très belle édition. En effet, Gauguin Ancien Culte mahorie reprend la forme du carnet à la couverture très épaisse, fermé par deux rubans. Ce carnet contient un fac-similé du manuscrit, une étude par Béatrice Geoffroy-Schneiter, « Le Paradis perdu de Paul Gauguin » et la transcription du texte de Paul Gauguin.

Extrait de Gauguin Ancien Culte mahorie

Le contenu du carnet

Du carnet de 76 pages, 57 ont été utilisées par Gauguin qui y note des textes en maori, ses propres réflexions, et y ajoute 25 aquarelles. C’est un exercice d’appropriation rare de la culture étrangère à laquelle il est confronté de manière brutale, primitive. Et rien dans son éducation et son art propre ne pouvait le préparer à une telle rupture. À une telle révélation.
Ainsi, archéologue et historienne de l’art, Bérénice Geoffroy-Schneiter est spécialiste des arts non-occidentaux. Son texte témoigne d’un fort attachement à l’œuvre de Gauguin mais, plus essentiellement, à sa personne et, dirait Victor Segalen (1), à son aventure d’exote.

C’est pourquoi la qualité de cette édition restitue au lecteur le choc esthétique tel que Gauguin le vécut lui-même. Une vraie réussite.

Loïc Di Stefano

Paul Gauguin, Ancien culte Mahorie, présentation de Bérénice Geoffroy-Schneiter, Gallimard, octobre 2017, 96 pages, 25 euros

(1) Victor Segalen (1878-1919), si proche de Gauguin, lui consacra l’étude « Gauguin dans son dernier décor » (Mercure de France,‎ Lui-aussi bouleversé par cette expérience de la Polynésie, il en tirera le roman Les Immémoriaux (1907).

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