Interview de Lee Unkrich, réalisateur de « Coco », le Disney de Noël 2017

Voici Coco, le Disney de Noël (même si en réalité il s’agit d’un Pixar !). Tradition quasi ancestrale pour contenter les jeunes spectateurs mais aussi les plus âgés qui ont su rester des inconditionnels des grands dessins animés. Paradoxalement, Coco se déroule en grande partie dans le monde des morts. Mais un monde à la mexicaine avec beaucoup de musique et une foultitude de couleurs. Visuellement cette nouvelle production est un régal. Rarement le mot féérie a aussi bien convenu. Quant à l’histoire, elle amène un jeune garçon qui aspire à devenir musicien de l’autre côté de la « frontière » entre la vie et la mort. Pour revenir sur la terre ferme et continuer de vivre sa vie, il lui faut l’accord et le soutien d’un membre de sa famille. Malheureusement, ladite famille souffre depuis des décennies d’un lourd secret…

La réalisation de Coco incombe à Lee Unkrich qui avait déjà occupé ce poste pour Toy Story 3.

 

Coco, interview du réalisateur

 

Entretien avec Lee Unkrich, réalisateur du dessin animé « Coco »

 

D’où vient l’idée de Coco ?

Du Mexique. J’y ai fait plusieurs voyages et j’ai toujours été intéressé par la cérémonie des morts. Lors de mes premières ébauches, il n’y avait aucun dessin animé sur ce sujet [depuis il y a eu La Légende de Manolo initié par Guillermo del Toro, Ndr]. J’ai fait des recherches et j’y ai compris l’importance de la famille. J’ai trouvé que c’était un sujet universel. Car le sens de la famille touche n’importe quel pays. Se souvenir de sa famille à travers le temps me parait quelque chose d’important. Et tout cela pouvait donner naissance à une histoire à la fois émouvante et drôle, avec un vrai cœur.

 

Dans quelle direction se sont orientées vos recherches ?

J’ai voulu en savoir plus sur cette interaction propre à l’Amérique du Sud entre le monde des vivants et celui des morts. Nous avons cherché à montrer avec précision le monde des vivants, l’utilisation des photos, etc. En revanche, nous nous sommes accordé beaucoup plus de libertés pour le monde des morts. Comme personne n’en est jamais revenu, personne ne nous a racontés comment il était ! Néanmoins, nous avons voulu respecter la vision mexicaine c’est-à-dire quelque chose de familier pour le public tout en étant amusant, coloré et plein de musique. Le jour des morts chacun est heureux de revenir pour une journée dans le monde des vivants, c’est comme une célébration.

 

Nous voulons montrer quelque chose de positif, qui ne concerne pas seulement le Mexique, sur la différence des cultures. Nous souhaitions montrer quelque chose de bon dans un monde de plus en plus négatif. »

 

Le succès mondial de Toy Story 3 vous a-t-il conforté en tant que réalisateur ?

Je suis plus confiant qu’avant parce que je me dis que, désormais, quand Pixar lance un film il a de fortes chances d’aboutir. Mais le travail est toujours aussi dur, Pour Coco il s’est étendu sur six ans… Il faut envisager chaque film comme si c’était le premier avec à la base une bonne histoire. La technologie a beaucoup évolué depuis mes débuts chez Pixar, elle permet de concrétiser tous les rêves, on peut vraiment tout faire, c’est excitant, mais il ne faut jamais oublier l’histoire.

 

La technologie permet-elle vraiment de faire ce que l’on veut ?

Oui, aujourd’hui on peut faire tout ce qui nous passe par la tête. Les dernières recherches sont orientées vers la représentation des humains en numérique pour que cela donne une image très proche de la réalité. Mais chez Pixar cela ne nous concerne pas car nous faisons des films d’animation et non des films réalistes. Les avancées technologiques, même si elles restent très complexes et très couteuses, nous permettent de nous concentrer sur l’efficacité de l’histoire et sur les dialogues.

 

Coco, interview Lee Unkrich

 

Pourquoi ce titre qui fait référence au personnage de la grand-mère ?

Pendant très longtemps, nous ne disposions d’aucun titre, seulement des titres de travail qui étaient plus ou moins des noms de code. Coco en était un. Finalement, comme nous n’avons rien trouvé d’autre, nous avons préféré le garder. C’était déjà le cas au moment de Toy Story qui n’était qu’un titre de travail. D’ailleurs, si on fait attention c’est un titre un peu stupide. Une « histoire de jouets », ça ne veut rien dire ! Avec Coco, il y a quelque chose d’énigmatique et de simple. On ne sait qu’à la fin que Coco est un personnage central. Ce titre résonne un peu comme une énigme.

 

Coco est-il un pied de nez à Donald Trump et de ses relations avec le Mexique ?

Non parce que nous l’avons démarré bien avant son élection. Nous voulons montrer quelque chose de positif, qui ne concerne pas seulement le Mexique, sur la différence des cultures. Nous souhaitions montrer quelque chose de bon dans un monde de plus en plus négatif. Et puis célébrer ses morts, garder la mémoire de sa famille est une notion universelle. Nous avons beaucoup à apprendre des autres cultures. Ici, pour respecter la culture mexicaine, nous avons fait appel à de nombreux consultants. Grâce à Coco des spectateurs vont sans doute découvrir une nouvelle culture.

 

Propos recueillis par Philippe Durant

 

COCO

De Lee Unkirch

Sortie le 29 novembre 2017

 

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