Joe Kennedy, le fondateur d’une dynastie

De la diplomatie à l’histoire

George Ayache a publié plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire américaine. Citons pêle-mêle Kennedy, Nixon les meilleurs ennemis (Perrin, 2012), Les Présidents des Etats-Unis (Perrin, 2016) et Kennedy, vérités et légendes (Perrin, 2017). On peut donc en déduire une certaine fascination pour le président assassiné le 22 novembre 1963, ce qui le conduit avec une certaine logique à s’intéresser au patriarche et fondateur de la lignée, Joe Kennedy.

 

Un petit-fils d’immigré à la conquête de l’Amérique

Joseph Kennedy n’est pas né pauvre : son père Patrick Joseph s’était fait connaître comme propriétaire de pubs ainsi que dans la politique bostonienne. De surcroit Joe a fait des études (médiocres) à Harvard avant de se lancer dans les affaires. Il faut ici entendre affaires au sens large : Joe Kennedy sera courtier, banquier, importateur d’alcool, spéculateur immobilier. Grâce à son flair, il devient riche, très riche. Mariée à Rose Fitzgerald, père de neuf enfants, Joe enchaîne les conquêtes féminines. Son séjour à Hollywood, où il participe à la fondation de la RKO, n’est pas, de ce point de vue pour lui déplaire : il a ainsi une longue liaison avec Gloria Swanson.

 

Une passion contrariée : la politique

Joe Kennedy sera épargné par la crise de 1929, il en profite même pour gagner encore plus d’argent. Il choisit en 1932 de soutenir le démocrate Roosevelt, conscient que le pouvoir, suite à la crise, passe dans le camp des politiques. Mais Roosevelt, qui se méfie de lui, ne le nomme pas à au poste de secrétaire au trésor qu’il convoitait. Kennedy est nommé à la tête de la SEC (stock exchange commission) où il s’impose comme un régulateur plutôt doué du monde financier (!), puis à la commission des affaires maritimes. Puis le voilà ambassadeur à Londres. Là, Joe Kennedy se montre pacifiste au moment des accords de Munich, voire pronazi tandis que son antisémitisme s’étale au grand jour. Roosevelt, bien content de le voir loin des USA, finira par le rappeler fin 1940. En est-ce vraiment fini de la politique pour Kennedy ?

 

le clan Kennedy, 1931

 

La revanche par les fils ?

Joe a neuf enfants, dont quatre fils. Il mise beaucoup sur son aîné, Joe jr, qui lui ressemble par son culot et son cynisme. Mais Joe décède en 1944. Georges Ayache montre bien comment il reporte alors son ambition sur Jack, le cadet un peu dandy, charmeur. Joe finance ses campagnes, fait jouer ses réseaux mais fait attention à rester dans l’ombre pour ne pas gêner le futur JFK. Il ira jusqu’à rencontrer la mafia pour sécuriser l’élection de Jack, particulièrement dans l’Illinois. Mais lors de son élection, il pensera à son aîné… Jack président, Bobby attorney général, on pourrait croire que Joe a gagné sa revanche. Diminué par une attaque cérébrale, il verra cependant ses deux fils assassinés à quelques années d’intervalle et le dernier, Ted (pourtant le plus doué), se détruire dans l’accident de Chappaquiddick…

Drôle de destin que celui de Joe Kennedy. Souvent terrifiant dans son comportement, il force pourtant le respect du lecteur. Et Georges Ayache livre ici une biographie claire, détaillée et fascinante.

 

Sylvain Bonnet

Georges Ayache, Joe Kennedy, Perrin, juin 2018, 400 pages, 23,50 euros

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