« Kill or be killed, tome 1  » : tuer pour survivre ?

Couverture comics Kill or be killed tome 1 Kill or be killed est la nouvelle série d’Ed Brubaker et Sean Phillips, les auteurs de Fondu au noir, un de nos coups de cœur de 2017. Une histoire de justicier violente, torturée et très réussie dont on attend déjà le tome 2 avec impatience.

 

 

À 28 ans, Dylan pense qu’il a raté sa vie. Il n’a pas encore terminé ses études à la fac. Il est amoureux de sa meilleure amie, Kira, qui sort avec son collocataire. Quand Dylan entend Kyra qu’il lui fait pitié, sa décision est prise : il va se suicider. Seulement, après s’être jeté du haut du sixième étage, il atterrit blessé mais indemne. Il se traîne alors jusqu’à son appartement. Soudain, dans la nuit, un démon surgit dans sa chambre et lui annonce que sa survie n’a rien d’un hasard. Et que les secondes chances ont toujours un coût. Le démon lui ordonne de tuer un « méchant » de son choix chaque mois, s’il veut continuer à vivre. Dylan décide de supprimer des dealers et des criminels, seulement Kira à devenir curieuse…

 

 

Qui tuer ?

Avec Kill or be killed, Ed Brubaker choisit d’écrire un polar mettant en scène un justicier. Dylan est un jeune adulte cynique et mal dans sa peau. Il se retrouve dans l’obligation de tuer d’autres personnes pour survivre. À travers Kill or be killed, Ed Brubaker interroge chaque lecteur : que ferait-on à sa place ? Comment arriverait-on à cacher ces meurtres à son entourage ? Dans ce tome 1, Ed Brubaker prend vraiment le temps de nous présenter les personnages et leurs relations. Du coup, l’identification fonctionne pleinement. Et si Dylan choisit effectivement d’assassiner des criminels, il n’échappe pas au dilemme moral. Dans le dernier tiers de ce volume, Ed Brubaker exploite au maximum les conséquences des meurtres de Dylan sur son quotidien. Le suspens, lancinant, monte crescendo. Jusqu’au cliffhanger final qui vient nous cueillir à froid et nous interroger sur ce que nous venons de lire.

 

extrait comics Kill or be killed tome 1
crédit : Sean Phillips (Image Comics)

 

Une violence crédible et viscérale

Kill or be killed est un comics violent. L’album s’ouvre sur un véritable massacre. Si bien qu’on peut craindre un comics complaisant. Heureusement, les scènes choquantes ne sont jamais gratuites. La violence, et plus particulièrement le meurtre, est exposée de manière viscérale et réaliste. Les auteurs évitent soigneusement de faire du meurtre une attraction malsaine. Ils choisissent de s’attarder sur les conséquences psychologiques sur Dylan, offrant un angle d’attaque intéressant sur la notion de justicier.

 

extrait comics Kill or be killed tome 1
crédit : Sean Phillips (Image Comics)

 

Sean Phillips, toujours au top

Le dessinateur Sean Phillips m’avait impressionné sur Fondu au noir. Avec Kill or be killed, il se retrouve à illustrer des scènes beaucoup plus dures et crues. Son travail sur les décors et arrière-plans est fabuleux. Sean Phillips fait évoluer la composition de ses planches. Il abandonne le classique gaufrier et propose une construction plus explosée. Le talent de l’artiste est tel qu’on n’y perd ni en esthétisme ni en lisibilité. Remarquable.

 

Stéphane Le Troëdec

 

Ed Brubaker (scénario), Sean Phillips (dessin), Kill or be killed, tome 1, traduit de l’anglais par Jacques Colin, Delcourt, collection Contrebande, janvier 2017, 128 pages, 16,50 euros

 

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