Koursk 1943, la plus grande des batailles de chars

Un historien allemand à découvrir

A ce jour, Roman Töppel est encore largement inconnu du grand public français. Outre-Rhin, il a participé à l’édition critique de Mein Kampf et a aussi écrit une thèse sur les guerres de l’empire. Cet ouvrage sur la bataille de Koursk constitue sa première grande œuvre traduite en français par un spécialiste de la seconde guerre mondiale, Jean Lopez (à qui on doit aussi un ouvrage sur la bataille de Koursk, paru aux éditions Economica en 2008). Töppel, comme l’explique Jean Lopez dans sa préface, devant l’avalanche de mémoires de généraux, a décidé pour commencer son ouvrage que les versions officielles allemandes et russes étaient fausses ou, en tout cas, devaient être soumises à une analyse rigoureuse. Vaste entreprise !

Une bataille revisitée

Roman Töppel revient sur les origines de l’opération Citadelle, qui provoque la bataille de Koursk. Hitler, contrairement à la version propagée par la plupart des généraux après-guerre, n’en est pas le principal initiateur. On doit plutôt voir le général Zeitzler comme le principal instigateur. D’abord envisagée au printemps, elle est repoussée à cause du climat à l’été. Du point de vue matériel, les  nouveaux chars Tigre, même s’ils ne bénéficient pas d’une production en série, sont réellement performants et redoutés des soviétiques. Enfin, ce fait n’a été que peu soulignée, la bataille de Koursk est aussi aérienne et les soviétiques sont loin de dominer le ciel : les as de la Luftwaffe abattent bien plus d’avions soviétiques que l’histoire officielle, surtout soviétique, ne l’a dit dans les années soixante et soixante-dix.

 

Infanterie soviétique, 12 juillet 1943

 

Une victoire à la Pyrrhus ?

Plus on progresse dans le livre, plus on découvre une armée allemande redoutable, capable après Stalingrad d’une combativité et d’un allant incroyable. Même si certains de ses officiers n’exploitent pas les succès initiaux de Citadelle ou commettent des erreurs tactiques qui profitent aux soviétiques, la Wehrmacht conserve ses atouts, dont la souplesse d’initiative laissée aux commandants sur le terrain et une artillerie efficace. En face, les soviétiques ont l’avantage du nombre, du matériel et les troupes sont aguerries. Mais les généraux soviétiques n’ont que peu de marges, tenus en laisse par la « Stavka », l’état-major central. L’armée rouge subit des pertes effroyables lors de ses contre-attaques. Au total, les pertes de la bataille de Koursk sont estimées à 1,5 millions d’hommes. Staline dispose cependant de ressources humaines qu’Hitler n’a pas…

Voici un ouvrage passionnant et clair, recommandé à tous les passionnés des combats de la seconde guerre mondiale.

 

Sylvain Bonnet

Roman Töppel, Koursk 1943, traduit de l’allemand et préfacé par Jean Lopez, Perrin, mars 2018, 336 pages, 21 euros

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