« La Soif » de Jo Nesbo, nouvelle aventure de Harry Hole

Itinéraire de l’auteur

Voici donc un nouvel épisode des aventures d’Harry Hole, flic hors pair, enquêteur génial et alcoolique triste qui a fait connaître le norvégien Jo Nesbo du grand public avec L’Homme chauve-souris en 1998. Nesbo a imposé un personnage dur, taciturne, blessé par la vie, un vrai flic hardboiled, comme les américains les affectionnent. Suivirent ensuite Les Cafards, Rouge-Gorge surtout (un des meilleurs romans de Nesbo) puis Rue sans souci, L’Etoile du diable, Le Sauveur ou Le Bonhomme de neige. Jo Nesbo s’est aussi essayé avec Du sang sur la glace à un pur exercice style « roman noir », avec tueur à gages et femme fatale : ce fut plutôt réussi. La soif marque son retour sur son personnage fétiche, au moment où sort sur les écrans une adaptation du Bonhomme de neige avec Michael Fassbender. Nesbo, c’est clair, est un auteur qui compte. Mais Hole tient-il encore la forme ?

 

 

Les flics ne prennent jamais leur retraite

Devenu professeur à l’école de Police, Hole s’essaie à une vie rangée aux côtés de sa femme Rakel et de son fils Oleg. La routine plaît à Harry qui aime de surcroit donner des cours aux jeunes policiers afin de leur transmettre son expérience. C’est le moment choisi par un tueur pour semer la terreur dans Oslo : il laisse des marques de morsures semblables à celles d’un vampire. Katrine Blatt, l’ex-collègue de Harry est sur l’affaire et subit la pression de Mikael Bellman, un arriviste sans scrupules qui cherche à se faire bien voir pour devenir ministre. Et si on rappelait Hole, lâche-t-il… Harry n’a aucune envie de reprendre du service mais il se laisse convaincre. Rakel, pendant ce temps, a des symptômes qui l’amènent à être hospitalisée. C’est dans les pires conditions possibles que Hole va traquer ce tueur en série « vampiriste ».

 

« La Soif » : une recette efficace

Inutile ici de chercher chez le critique un avis négatif sur ce roman : il a pris plaisir à retrouver Harry Hole, le flic fan de Jim Bean et accroc aux bad trips. La soif fonctionne sur le mode du thriller : on flippe, on suit les étapes de l’enquête, on est avec Harry au moment où il plonge dans l’alcool et où il comprend que l’affaire est plus compliquée que prévue. La soif est un excellent bouquin de ce point de vue-là même si on peut regretter une fin un peu tarabiscotée. On notera aussi que ce roman fonctionne sur le mode de la série, au point que la dernière page suscite une envie irrépressible de lire le prochain, pas encore écrit… On peut préférer Ellroy (et pourtant Nesbo a certains points communs avec lui, dont ces descriptions de soulards et ce goût des tueurs en série) mais il ne faut pas pinailler : ce roman est bon et Nesbo est un grand du polar.

 

Sylvain Bonnet

 

Jo Nesbo, La soif, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, Gallimard, « série noire », octobre 2017, 624 pages, 21 euros

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