Henriette Campan, femme de l’ombre sous Marie-Antoinette et Napoléon

Couverture de la Vie mouvementée d'Henriette CampanLe grand public ne connait pas Henriette Campan. Pourtant, elle a non seulement été la femme de chambre de Marie-Antoinette mais aussi la préceptrice d’Hortense de Beauharnais et Caroline Bonaparte…

 

Autour de la figure de Marie-Antoinette

Auteur d’une biographie remarquée de Louise Elisabeth Vigée Lebrun (Flammarion, 2011), Geneviève Haroche-Bouzinac, professeur à l’université d’Orléans est une bonne connaisseuse de la période de la Révolution et de l’Empire, « ces 25 années qui changèrent le monde ». Elle se penche donc ici sur une autre proche de Marie-Antoinette, preuve aussi de l’intérêt que la dernière reine de France suscite plus de deux siècles après sa mort, tant dans le grand public qu’à l’université.

 

Lectrice et femme de chambre

Henriette Genet est issue d’une famille en pleine ascension sociale. Son père est chef du bureau de traduction aux affaires étrangères, côtoie Choiseul ou Vergennes. De lui Henriette héritera la singulière capacité à parler plusieurs langues, dont l’anglais, chose rare à une époque où le français est la « lingua franca » de l’élite européenne. Henriette est d’abord la lectrice de mesdames, filles de Louis XV avant d’être attaché au service de la jeune reine Marie-Antoinette. Sa position privilégiée aide aussi sa famille et ses sœurs qui font de beaux mariages. Henriette, quant à elle, épouse François Campan, un homme qu’elle n’aime pas et dont elle n’aura qu’un fils. Durant la période révolutionnaire, madame Campan reste fidèle à sa maîtresse, même si elle désapprouve son attitude à certains moments, tandis que son frère rejoint les Girondins. À son grand désespoir, elle ne suit pas la Reine au Temple.

 

De la Révolution à l’Empire : naissance d’une pédagogue

Henriette Campan survit à la Terreur et décide de fonder un pensionnat pour jeunes filles, destinés à héberger des représentantes des élites nouvelles et anciennes. Ainsi, elle accueille la fille de Joséphine de Beauharnais, Hortense, puis la sœur de son nouvel époux le général Bonaparte, Caroline. Le but d’Henriette Campan est de donner une éducation soignée à ses protégées pour en faire de bonnes épouses, comme le veulent les mœurs de l’époque (et Napoléon). Madame Campan bénéficie de la protection de Joséphine et Napoléon nomme l’ancienne femme de chambre de Marie-Antoinette à la tête de la Maison de la Légion d’Honneur. Avec talent, Geneviève Haroche-Bouzinac retrace la trajectoire complexe et fascinante d’Henriette Campan, un de ses seconds rôles dont l’Histoire regorge et qui a laissé des mémoires devenus une source de premier ordre pour les chercheurs. Très vivement recommandé.

 

Sylvain Bonnet

Geneviève Haroche-Bouzinac, La Vie mouvementée d’Henriette Campan, Flammarion, septembre 2017, 450 pages, 24,90 euros

 

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