L’assassinat d’Henri III : Un régicide au nom de Dieu, terrorisme au XVIe siècle

Politique et société de cour durant les guerres de religion

Nicolas Le Roux, dont la thèse portait sur les courtisans et les favoris durant les guerres de Religion, est devenu professeur à l’université Lumière-Lyon 2. Il a notamment publié La Faveur du Roi, Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (certainement inspiré de sa thèse) en 2001 (réédité chez Champs Vallon en 2013), Guerres et paix de religion (Belin, 2014) et 1515 : l’invention de la Renaissance (Armand Colin, 2015). Un régicide au nom de Dieu a d’abord été publié en 2006 dans la collection « Les journées qui firent la France » chez Gallimard.

L’assassinat d’un roi de France

Au cœur de cet ouvrage une idée centrale : comprendre comment un moine jacobin nommé Jacques Clément a pu en arriver à assassiner un Roi de France, Henri III, dernier de la dynastie des Valois. Un Roi de France, à l’époque, est une personne à part du fait même du sacre qui l’oint. Roi thaumaturge (on renvoie ici au classique de Marc Bloch), il est à part de la communauté humaine. Le geste de Jacques Clément a donc quelque chose d’inouï, c’est l’équivalent d’un acte terroriste aujourd’hui.

Discorde religieuse et désacralisation royale

Le contexte de la seconde moitié du XVIe siècle, marqué par le poids de la minorité protestante et des guerres de religion, explique en partie cet assassinat. Nicolas Le Roux démontre que les huguenots, affectés par le massacre de la saint Barthélémy, ont engendré des auteurs « monarchomaques » qui ont remis en question la personne royale (Charles IX ayant « couvert » les massacres de protestants malgré la parole donnée lors du mariage de son cousin Henri de Navarre aux gentilshommes réformés). Leurs arguments sont ensuite repris par des auteurs ultra-catholiques, choqués par le comportement d’Henri III, qui cherche des compromis très « politiques ».

D’un autre côté, le Roi, très dévot avant l’heure, multiplie des comportements de flagellants, favorisant certaines confréries. Par-là, il participe à sa « désacralisation ». L’assassinat des Guises et son alliance avec son cousin Henri de Navarre, son cousin protestant et de facto son héritier, le décrédibilisent aussi aux yeux d’une partie de ses sujets. Ce sera le défi d’Henri IV de proposer une formule politique, la monarchie absolue, qui « resacralisera » la monarchie.

Voici un opus qui éclaire avec maestria une des périodes les plus troublées de l’histoire de France. On attend les prochains travaux de Nicolas Le Roux.

 

Sylvain Bonnet

Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu, l’assassinat d’Henri III (1er août 1589), Gallimard folio histoire, janvier 2018, 592 pages, 10,50 €

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