Le fini des mers, la fin du monde vu par un enfant

Gardner Dozois, auteur à découvrir

Surtout connu comme anthologiste (avec George R.R. Martin notamment), il a remporté deux fois le prix Nebula (décerné par les professionnels, contrairement au prix Hugo décerné lui par les fans) pour les nouvelles Apaisement et Enfant du matin respectivement en 1983 et 1984. On lui doit également L’Etrangère, roman de 1978 plutôt ambitieux sur une histoire d’amour entre un humain et une extraterrestre, réédité par ActuSF en 2016. Sans l’avoir prémédité, les éditions Le Bélial lui rendent un hommage involontairement posthume en publiant Le Fini des mers : Dozois est mort en mai 2018.

 

Ils arrivent !

On en parle et on en parle, les extraterrestres ont fini par débarquer sur la planète bleue en Ohio, dans le Colorado, dans la vallée de la Delaware et à Caracas au Venezuela. C’est la panique dans les hautes sphères qui auraient bien voulu garder l’évènement secret mais avec les médias qui rappliquent aussi sec, c’est difficile. Au Venezuela, les choses tournent d’ailleurs au tragique. Pourtant, les vaisseaux restent immobiles, inertes. Pendant ce temps, le jeune Tommy Nolan se rend au collège avec difficultés. Cela se passe mal en classe avec miss Fredricks, surtout qu’il accumule les retards. Ses parents n’arrêtent pas de se disputer et Tommy en souffre. Sa seule joie, il la trouve finalement avec les Autres, des créatures que lui seul perçoit. Quand les extraterrestres arrivent, Tommy se demande s’ils ne leur sont pas liés…

 

Un premier contact original

Le Fini des mers s’inscrit dans une époque, les années 70, où les auteurs de science-fiction expérimentaient en remettant en cause certaines des valeurs clefs de la société américaine. Gardner Dozois ici ne se prive d’une description au vitriol de la famille : Tommy grandit avec un père surtout violent qui tyrannise sa femme et son fils. On pourrait noter aussi une critique du gouvernement des Etats-Unis et de son culte du secret (un comble si on pense au Watergate ou à Wikileaks). Tout cela ne tiendrait pas cependant si Dozois ne faisait pas preuve de finesse et d’émotion dans sa description de la vie du jeune Tommy.

En moins de cent pages, il réussit à nous intéresser à cet enfant et au destin du monde (ça décoiffe d’ailleurs). Pas mal pour un auteur qui à l’époque avait moins de trente ans ! cher lecteur, lance-toi et découvre Gardner Dozois.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Gardner Dozois, Le Fini des mers, traduit de l’anglais par Pierre-Paul Durastanti, couverture d’Aurélien Police, Le belial, « une heure lumière », juin 2018, 130 pages, 9,90 euros

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :