« Le Monde du crime sous Napoléon », la fange de l’Empire

Couverture du livre Le monde du crime sous NapoléonSi l’histoire militaire et politique du premier Empire est très bien documenté, d’autres aspects de la période restent méconnus du public des amateurs. Ce nouvel ouvrage de Jean Tulard est l’occasion de changer de point de vue sur la période.

 

Une vie vouée à Napoléon

Nombreux sont les amateurs d’Histoire à connaître Jean Tulard, grand historien de la période de la Révolution et de l’Empire, grand professeur à l’Université Paris IV. Son ouvrage de référence, Napoléon et le mythe du sauveur a marqué des générations d’historiens, notamment Thierry Lentz ou Emmanuel de Waresquiel. Il a également publié des biographies de Murat (Fayard,) et Fouché (Fayard,). Il s’intéresse ici à un aspect aujourd’hui relativement peu étudié, le monde interlope des criminels sous l’Empire. Étrange quand on sait le retentissement que les mémoires de Vidocq, le célèbre forçat devenu policier, eurent en leur temps !

 

Un ordre napoléonien bien imparfait…

Il ressort à la lecture de l’ouvrage que si Napoléon réussit à ramener l’ordre, en partie grâce aux efforts et réformes entamés sous le Directoire, on est loin cependant d’une France apaisée. L’Ouest du pays reste par exemple longtemps réfractaire à la pacification. Des bandes de brigands sévissent dans les campagnes et, malgré les efforts de la gendarmerie, ne disparaissent jamais complètement. Quant à Paris, Napoléon crée une préfecture de Police, qui retrouve les missions de la lieutenance générale de police de l’Ancien Régime, qui surveille grâce à ses « mouches » royalistes et jacobins, ainsi que prostituées et mendiants. La ville reste cependant loin d’être sûre…
Le monde du crime est enfin soumis aux aléas de la conjoncture, plus difficile après 1811 pour l’Empire français. La conscription et le blocus continental font naître ainsi bien des vocations de contrebandiers.

 

Une galerie de sinistres sires

Cet ouvrage est aussi une occasion de (re)découvrir des personnages fascinants, certains hauts en couleur. Fouché bien sûr : l’ancien mitrailleur de Lyon s’est reconverti en ministre de la Police, plus intéressé cependant par les complots de caractère politique que par la répression de la criminalité. Des policiers comme Dubois ou Henry retiennent l’attention, le dernier, par ses méthodes d’investigation, annonçant notre époque. Et puis Vidocq bien sûr. Un très bon livre qu’on ne peut que recommander, chers lecteurs.

 

Sylvain Bonnet

 

Jean Tulard, Le Monde du crime sous Napoléon, La librairie Vuibert, octobre 2017, 288 pages, 21, 90 euros

 

Bouton Lire un extrait

Laisser un commentaire