Le mystère Clovis, Philippe de Villiers aux origines de la France chrétienne

Après avoir consacré des ouvrages à Jeanne d’Arc et Saint-Louis, Philippe de Villiers poursuit son exploration de l’histoire chrétienne de la France en remontant aux origines avec Le Mystère Clovis, une évocation très inspirée et fort politique.

 

Un roman leçon de choses

Le moment Clovis est celui du passage de la barbarie à la chrétienté, et Clovis est lui-même pris par ses alliances et ses liens familiaux entre ces deux tensions. Le moment Clovis est celui où, montant sur le pavois, le guerrier barbare embrasse la religion chrétienne et reçoit pour ainsi dire en héritage toutes ces nouvelles traditions qu’il va maintenant transmettre à son peuple. Hérault d’une foi nouvelle, édificatrice, et seigneur de guerre. Par le trouble interne dans cet homme maintenant duel, Philippe de Villiers pose que le premier roi de France, qui fut aussi le premier roi chrétien, évangélisateur des provinces et premier socle de ce qui sera plus tard la France.

Dans un style parfois pénible par le choix d’un vocabulaire volontiers pointu et hiératique — historique et approprié, diront certains —, Philippe de Villiers s’empare du destin d’un homme pour en faire celui de tout un peuple. Malgré une bibliographie des plus copieuse, il semble qu’il reprenne à son compte, peut-être un peu trop littéralement, le portrait établi par Grégoire de Tours et qu’il confonde, dans une optique pédagogique, l’homme réel et l’homme transfiguré par son baptême ?

 

Un roman prophétique ?

Philippe de Villiers se sert du « moment » Clovis pour alerter sur ce qu’il pense être un moment similaire en France aujourd’hui. Car non, Philippe de Villiers n’a pas quitté la scène politique, et s’il e brigue plus aucun mandat il intervient en « sage éclairé » pour distiller ses conseils au travers d’un roman qui se veut aussi une leçon d’Histoire et un avertissement.

Romulus Augustus est le dernier empereur romain d’occident. C’est sous son règle (475-476), alors qu’il n’est qu’un enfant mis en place par son militaire de père pour faire pantin, que l’Empire est démantelé, et envahi par les armées de Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths. En 481, Clovis devient le rex francium, le roi des francs. Ce moment particulier au début du siècle est une passe entre deux mondes.

Philippe de Villiers établi un parallèle entre le moment Clovis et notre époque actuelle partant que les similitudes doivent servir à l’édification des contemporains. Même si « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », comme le dit Héraclite, il y a pour de Villiers de terribles ressemblances : la disparitions des frontières et la perte de l’identité de Rome comme centre du monde civilisé ; l’accueil des barbares comme citoyens à part entière alors que jusqu’alors ils n’étaient que « les autres » sauvages d’au-delà des murs… Transposez cela dans la France et l’Europe actuelle, vous aurez un triste tableau.

Philippe de Villiers a déjà développé ses idées dans de nombreux ouvrages (1), aussi peut-on lire son Mystère Clovis comme une novélisation de sa lecture du monde actuel par le biais du personnage de Clovis. Et, bien sûr, quand il dit ne pas faire de politique, le lecteur comprend à quel point ce livre est un moyen de poursuivre son action politique sur un autre terrain.

 

 

Loïc Di Stefano

Philippe de Villiers, Le Mystère Clovis, Albin Michel, octobre 2018, 401 pages, 22 euros

 

(1) Notamment dans Les Cloches sonneront-elles encore demain ? (Albin Michel,

 

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :