« Le Neuvième naufragé » le polar mindfuck de Philip Le Roy

Les amis se sont rencontrés sur Facebook. Au fil des échanges, des liens se nouent et le désir de se rencontrer naît. Le projet de croisière prend vite forme et Dorian, habitant Malaga, propose de l’organiser. Tout est parfait jusqu’au moment d’embarquer ! Ainsi s’amuse Philip Le Roy, qui nous plonge avec Le Neuvième naufragé dans une enquête qui ressemble assez bien à un « qui est qui » et qui va nous balader comme des débutants !

Eva est une enquêtrice hors pair dépêchée par Interpol sur une île perdue au milieu de la Méditerranée pour interroger les huit rescapés d’un naufrage. Pourquoi Interpol ? Parce que l’île est un territoire volcanique temporaire et réclamée aussi bien par la France, l’Espagne, le Maroc… et parce que les naufragés sont internationaux également. Et parce que l’un d’entre eux, Dorian Panzer-Vaugel est le fils d’un consul français… Autant dire que rien ne va être simple dans cette histoire, d’autant que Dorian a été jugé par ses co-voyagers et brûlé. Il faut dire que Dorian, qui sur Facebook était le plus charmant des hommes, se révèle vite être un vrai connard, obsédé sexuel et méprisant tout le monde. (1) Cela légitime-t-il le « procès » qui a eu lieu sur l’île des naufragés ? et la sentences ?

 

Qui est le neuvième passager du titre ?

 

Au fur et à mesure de ses interrogatoires, Eva s’approprie l’histoire de chacun et comprend que quelque chose n’est pas normal. Mais quoi ? Pourquoi le bateau s’est-il naufragé ? Pourquoi les coïncidences pèsent-elles si lourdement ? Pourquoi manque-t-il quelque chose dans le cadre qui se recompose petit à petit ? Et pourquoi Eva a la certitude que tout est pourtant là, sous ses yeux, et qu’elle n’a qu’à mettre les bonnes pièces à leur place ?

Construisant son récit en alternant les moment actuels et les récits des naufragés interrogés chacun leur tout par Eva, Le Neuvième naufragé répond parfaitement aux espoirs de l’auteur de créer un roman « mindfuck », c’est-à-dire une histoire qui promène son lecteur et lui révèle tout par un retournement final où il comprend qu’en fait, depuis le début, il n’a rien compris ! Et Philip Le Roy nous prévient en amont du roman, et nous tombons dans le panneau…

Ecrit avec beaucoup de rythme et d’humour, quelques hommages cachés (cherchez celui à Michel Audiard, un des auteurs favoris de Philip Le Roy), Le Neuvième naufragé est un vrai bon roman où la psychologie des personnages et la recomposition de l’histoire laisseront le lecteur bien en peine avec la conclusion !

 

Loïc Di Stefano

 

Philip Le Roy, Le Neuvième naufragé, Editions du Rocher, mars 2018, 330 pages, 19,90 euros

 

 

(1) Cette personnalité duelle d’ailleurs est déjà annoncée par son nom de famille, Panzer (char d’assaut, donc lourd)-Vaugel (comme Vogel, en Allemand que « panzer » nous invite à lire, veut dire oiseau, donc vol, légèreté…), un nom prédestiné pour une personnalité bipolaire !

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