Le Titanic, le plus grand des naufrages, vérités et légendes

Historien de la marine

 

De Gérard Piouffre, on connaît son ouvrage sur Le Torpillage du Lusitania (Vendémiaire, 2015), qui exposait comment les allemands avaient pris la décision de couler ce paquebot, avec des conséquences très nettes sur l’opinion américaine. Il a déjà publié des ouvrages sur le naufrage du Titanic : Le Titanic ne répond plus (Larousse, 2009), Nous étions à bord du Titanic (First, 2012). Il publie Le Titanic dans la collection « Vérités et légendes » de Perrin, nouvel ouvrage sur le célèbre paquebot.

 

Des questions, sans cesse des questions

 

Le naufrage du fleuron de la White Star Line dans la nuit du 14 au 15 avril 1913 causa la mort de 1500 passagers. Depuis, l’évènement n’a cessé de faire couler de l’encre et d’enflammer l’imagination des foules, jusqu’à culminer en 1997 avec le film éponyme de James Cameron. Avec beaucoup de précision et d’érudition, Gérard Piouffre revient sur la tragédie. Il met à mal des idées reçues, des mythes. Non, le Titanic ne s’était pas lancé dans un concours de vitesse, par exemple. Et les ouvriers qui l’ont construit n’étaient pas mal payés pour l’époque. Non, le Titanic ne lança pas le premier SOS de l’histoire mais le sien devint bien un des plus célèbres.

 

Un mythe qui en dit long sur nous

 

La lecture de cet ouvrage impose à la fin de se poser la question suivante : pourquoi un tel mythe, pourquoi une telle aura ? Il y a eu d’autres naufrages, aussi spectaculaires. En fait, le Titanic est une humanité en miniature. Symbole de haute technologie, il embarque à son bord toutes les classes sociales. Les « hyperriches » de la belle époque ont tout le luxe voulu et mangent des plats raffinés. L’équipage est bien formé et d’un flegme so british. Pourtant, dès que le flanc est heurté par un iceberg (un choc frontal à la proue n’aurait pas coulé le navire), tout s’effondre rapidement. Sans panique, l’équipage évacue calmement et en musique (bravo à l’orchestre) les femmes et les enfants dans des canots qu’ils ne remplissent pourtant pas.

 

Et l’équipage reste à son poste si nécessaire, comme en salle des machines. Il y a là de l’esprit de sacrifice, celui dont récemment un commandant de gendarmerie a été capable. Il y a aussi une métaphore de l’homme et de la nature : la plus grande création de l’homme n’a rien pu contre un iceberg. A l’heure où le climat se dérègle, il y a comme une parabole qui donne à réfléchir.

 

Sylvain Bonnet

 

Gérard Piouffre, Le Titanic, Perrin « Vérités et légendes », mars 2018, 256 pages, 13 euros

 

On lira avec plaisir cet ouvrage en s’accompagnant de l’album The sinknig of the titanic, composé entre 1969 et 1972 par le britannique Gavin Bryars. Conçu comme un hommage à l’orchestre dont on connait le si beau moment de bravoure : continuer à jouer pendant tout l’échouage ! Cette musique minimaliste se veut un travail sur le morceau joué par l’orchestre (Autumn, selon le rapport de l’opérateur radio du Titanic Harold Bride) en le modifiant des réverbérations de l’eau : « the music goes through a number of different states, reflecting an implied slow descent to the ocean bed which give a range of echo and deflection phenomena, allied to considerable high frequency reduction »

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