Connaissez-vous les 10 premiers romans de Stephen King ?

Stephen King a écrit près d’une 57 romans et 11 recueils de de nouvelles. Il a vendu plus de 350 millions d’exemplaires de ses œuvres à travers le monde. Il est la figure la plus représentative et la plus lue de la littérature fantastique contemporaine. Retour sur ses 10 premiers romans : de Carrie à Ça, 10 visions de l’effroi.

 

Stephen King : les premières années

Lorsqu’il a deux ans, la mère de Stephen King est abandonnée par son mari. Elle enchaîne les petits boulots pour subvenir aux besoins de Stephen et de son frère de 2 ans son aîné. Moqué par ses camarades à cause de son poids, Stephen King trouve refuge dans la lecture. Et plus précisément dans des livres fantastiques cachés dans une malle du grenier de sa grand-mère. Le jeune Stephen y trouve sa vocation. À partir de 12 ans, Stephen King écrit déjà de petites histoires, largement inspirées par ses lectures de comic-books d’horreur. En 1966, il décroche une maîtrise d’anglaise à l’université du Maine, où il fait la connaissance de Tabitha Spruce qui deviendra son épouse.

« Quand je suis sorti de l’université avec ma maîtrise d’anglais sous le bras, ce n’était pas une très bonne période pour trouver du boulot dans l’enseignement. J’ai donc dû bosser comme pompiste ou teinturier pour 60 dollars par semaine. Finalement, en 71, j’ai eu un job de prof d’anglais dans une école privée. Mais ça ne me rapportait pas plus qu’avant et je devais retourner travailler certains soirs à la teinturerie pour garder nos têtes hors de l’eau. Nous vivions dans une caravane à Hermon, un trou perdu du Maine. Je rentrais crevé tous les soirs et je me mettais à écrire sur la petite Olivetti de Tabby qui était installée dans un bureau d’enfant dans une petite pièce qui nous servait de buanderie. C’est donc à genou que j’ai écrit “Salem” et “Carrie” ».

 

Couverture du roman Carrie de Stephen King

 

1. Carrie

Dans ses deux premiers romans, Stephen King installe la règle n°1 qui fera son succès : les personnages et leur quotidien sont plus importants que l’élément fantastique. Chez Stephen King, le paranormal n’est qu’un prétexte à aborder des sujets de société. Ainsi, « Carrie » (1974) n’est pas uniquement l’histoire d’une souffre-douleur télékinésiste et vindicative, mais bien le récit d’un passage à l’âge adulte et de la révolte d’une jeune fille contre le carcan familial. Si ses pouvoirs sont spectaculaires et flamboyants, ils ne sont jamais qu’un élément de l’histoire. Cette approche crédible et originale permet Stephen King d’imposer immédiatement une marque de fabrique : l’auteur évite les stéréotypes et les règles. Ainsi, à la manière du Dracula de Bram Stocker, Stephen King raconte son histoire à travers des extraits de rapports, d’articles, ou du journal intime de Carrie. Une manière pour l’écrivain de renforcer la crédibilité de son intrigue.

 

2. Salem

« Salem » (1975) commence lui aussi de façon atypique puisque des extraits d’articles de presse introduise l’intrigue. Ben Mears, un écrivain, rentre au pays, soit à Jerusalem’s Lot, une petite ville du Maine. Très vite, il découvre que la bourgade est envahie de vampires menés par Kurt Barlow, le propriétaire du manoir situé dans les hauteurs. Dans « Salem », Stephen King rend hommage à une figure classique de la littérature fantastique : le vampire. Et encore une fois, Stephen King brouille les pistes : fini les vieux châteaux des Carpates, ses vampires sont bien ancrés dans le quotidien d’une petite ville moyenne des USA.

« Il m’est arrivé d’écrire sur moi-même. Mais notre travail, c’est le mensonge littéraire. Alors quand un écrivain écrit sur lui-même, ce que j’ai fait assez souvent, il ment. Il arrange les événements vécus, il les adapte. J’ai encore des cicatrices que je ne veux pas montrer. Alors, je reformule les faits de façon à mieux les intégrer dans l’histoire, c’est tout ». Ce n’est donc pas un hasard que Ben Mears soit le premier d’une longue liste d’écrivains dans l’œuvre de Stephen King.

 

Couverture du roman Shining de Stephen King

 

3. Shining

Contrairement à Salem, « Shining » (1977) n’est pas autobiographique. Comme dans « Carrie », Stephen King écrit un personnage dont les pouvoirs extraordinaires en font une victime. Danny Torrance possède le « shining », un don de médium qui le rend particulièrement sensible aux esprits. Il devient alors une proie facile pour les fantômes qui hantent les couloirs de l’hôtel Overlook où viennent d’aménager ses parents. Et Danny ne peut compter pas sur ses parents : le couple Torrance traverse une période difficile, et son père, Jack, est à deux doigts de sombrer dans la folie furieuse. Perversion contre innocence, une lutte qui sera souvent au centre des romans des Stephen King.

 

4. Dead Zone

Dans son roman suivant, « Dead Zone » (1979), « l’innocent » s’appelle Johnny Smith, un professeur qui voit sa vie bouleversée par un accident de voiture. Après quatre ans de coma et la perte de ses jambes, il doit réapprendre à vivre. Il découvre qu’il possède maintenant un don de voyance : il peut « voir » l’avenir ou le passé d’une personne en la touchant ou en touchant un objet lié à elle. Mais Johnny découvre que si son don peut sauver des vies, il risque bien de le détruire. En parallèle, Stephen King raconte l’inquiétante ascension du « pervers » Greg Stillson, minable vendeur de bibles, vers la présidence des USA. L’affrontement entre les deux hommes est inéluctable, métaphore de l’éternelle lutte entre le Bien et le Mal cher à Stephen King. Dans « Dead Zone », il s’évertue à rapprocher le lecteur de son personnage principal, un type ordinaire entraîné dans une lutte qui le dépasse.

 

Couverture du roman Le Fléau de Stephen King

 

5. Le Fléau

Les survivants du « Fléau » (1979) sont eux aussi engagé dans un conflit de plus grande envergure. Il y est question de la destruction quasi-totale de l’humanité et de la naissance d’une nouvelle civilisation ! Après un virus apocalyptique, les survivants se répartissent en deux camps. L’un dirigé par mère Abigail, une vieille Noire qui apparaît dans les rêves de certains rescapés pour leur demander de la rejoindre. L’autre par Randall Flagg, « l’Homme noir », impose des visions de terreur pour maintenir sous sa coupe l’autre partie de l’humanité.

Les 1 300 pages du « Fléau » sont un parfait résumé des thématiques de Stephen King : le combat entre le Bien et le Mal, des personnages attachants, des situations excitantes servis par l’imagination d’un écrivain au sommet de son art. Un Stephen particulièrement en forme : si ses romans se terminent souvent par une scène de destruction massive, c’est la moitié des États-Unis qui disparaît dans « Le Fléau » !

 

6. Charlie

Dans « Charlie » (1980), Stephen King se contente de ravager la Boutique. Cette secrète et puissante organisation gouvernementale qui traque Charlène McGee et son père. La petite « Charlie » est pyrokynésiste : elle contrôle le feu par la pensée. Un don qui attise la convoitise de l’armée américaine qui charge la Boutique de récupérer la fillette. La course poursuite s’engage, mais Stephen King ne parvient jamais à emballer son histoire qui manque de rythme.

 

Couverture du roman Cujo de Stephen King

 

7. Cujo

Avec « Cujo » (1981), Stephen King démontre qu’il peut être très cruel avec ses personnages. Sous l’apparence d’une petite famille tranquille, les Trenton sont en crise. Donna trompe son mari et leur enfant. Tad est persuadé qu’il y a un monstre dans son placard. Mais le seul monstre véritablement dangereux est Cujo. Ce Saint Bernard attaque Donna et Tad et les retient dans la voiture familiale. La fin de « Cujo » surprend les lecteurs de Stephen King. En tuant le petit Tad, l’auteur écrit une fin abrupte et cruelle : « Je reçois encore des lettre d’insultes pour avoir fait mourir Tad. Mais c’était la fin la plus morale. Les gamins meurent aussi. C’est la réalité. On n’y peut malheureusement rien et il est inutile de se voiler la face ». Tout peut arriver dans les romans de Stephen King, même les pires drames.

 

8. Christine

« Christine » (1983), l’héroïne du roman éponyme, est une voiture maléfique. Un véhicule qui possède l’âme d’un jeune homme timide et mal dans sa peau. Stephen King veut faire de cette idée le premier roman rock’n roll. Malheureusement, si le concept est séduisant, « Christine » débouche sur un livre peu passionnant et trop prévisible. Et il faut plus que quelques paroles de chansons pour sortir les lecteurs de la torpeur.

 

Couverture du roman Simetierre de Stephen King

 

9. Simetierre

Tout le contraire donc de « Simetierre » (1984), absolument palpitant du début à la fin. Le roman de Stephen King est un vibrant hommage au « Frankenstein » de Mary Shelley. Mais c’est aussi une magnifique allégorie sur la douleur après la perte d’un être cher, et les extrémités auxquelles elle peut nous pousser. La famille Creed aménage dans une maison située non loin d’un antique cimetière indien. Ce lieu sacré a le pouvoir de ramener à la vie les morts qu’on y enterre. Le petit Cage est percuté par un camion : son père, fou de tristesse, croit pouvoir le ranimer en l’enterrant dans le mystérieux cimetière. Mais la créature qui en revient n’a plus grand-chose à voir avec le petit Cage… Horreur émouvante et poignante, Stephen King signe là un de ses romans les plus angoissants.

 

10. Ça

Au rayon terreur, le roman « Ça » (1986) n’est pas en reste. Tous les 30 ans, une entité maléfique sème la mort dans la petite ville de Derry. « Ça » peut prendre la forme des peurs les plus profondes des enfants qu’elle agresse. Mais elle se présente principalement sous la forme d’un clown se faisant appeler Pennywise (Grippe-Sou en vf). Il y a trente ans, un groupe de gosses s’est déjà dressé presque victorieusement contre « Ça ». Mais aujourd’hui, le monstre revient et les gamins sont devenus des adultes. Ils vont devoir retrouver le courage et l’innocence de leur enfance pour vaincre Grippe-Sou.

Il faut 4 ans à Stephen King pour écrire son histoire longue et complexe : « Ce roman parle de l’enfance ; je crois qu’on ne cesse de revivre celle-ci tant qu’on ne l’a pas définitivement mise de côté, seul moyen de devenir un adulte et d’élever vos propres enfants ». Une idée que King pousse plus loin en demandant lequel de l’enfant ou de l’adulte est plus apte à affronter l’horreur. Dans le final, un peu en-dessous, Stephen King décrit comment les adultes viennent à bout du monstre en redevenant des enfants. Reste maintenant à savoir comment vont-ils maintenant pouvoir affronter le monde réel, sûrement plus terrifiant encore ? Là, Stephen King se garde de donner une réponse précise. Après un téléfilm réussi (« Ça, il est revenu »), les spectateurs pourront se faire leur propre opinion à travers la nouvelle adaptation du roman sortie au cinéma le 20 septembre 2017.

Stephane Le Troëdec

 

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