Les attracteurs de Rose Street, face aux spectres

Un des meilleurs conteurs de la science-fiction

 

Présenter Lucius Shepard relève du plaisir exquis tant il a publié des réussites que cela soit La Vie en temps de guerre (Robert Laffont, 1988), Kalimantan (Denoël, 1992), L’Aube écarlate (Denoël, 1996) -qui remporta le prix Locus du meilleur roman d’horreur en 1994 – ou Louisiana Breakdown (Le belial, 2007). L’art de Shepard relève autant du fantastique que de la science-fiction, nourri de ses nombreux voyages à travers le monde et de sa connaissance érudite des légendes et des mythologies. Décédé en 2014, Shepard laisse une œuvre foisonnante dont Les Attracteurs de Rose Street est un des derniers joyaux.

 

Au temps de Jack l’éventreur

 

Samuel Prothero est un jeune médecin aliéniste londonien qui, en cette fin de XIXe siècle, a adhéré au Club des Inventeurs en espérant voir arriver à lui une clientèle fortunée et classieuse. Il est abordé par un original, Jeffrey Richmond, snobé par les autres membres. Ce dernier requiert ses services et l’emmène dans sa maison de la Saint Nichol, autrefois habitée par sa sœur Christine. Christine, prostituée de son état, tenait alors un bordel fréquenté par la haute aristocratie et a été retrouvée morte. Mais Christine, ou plutôt son spectre, est toujours là, au sixième étage, attirée par des machines inventées pour purifier l’air de Londres, les attracteurs, inventées par Richmond. Ce dernier recrute Prothero afin de savoir ce qui est réellement arrivé à Christine. Prothero commence ses observations mais est surpris de la présence de deux anciennes prostituées, Dorothea et Jane. Avec cette dernière, les rapports deviennent intimes tandis que Christine multiplie ses apparitions…

 

De l’art de raconter

 

Difficile de résumer Les Attracteurs de Rose Street : ça paraît une dérobade mais c’est vrai ! avec cette histoire, Shepard s’inscrit dans le steampunk mais tourne au polar macabre. Qui a tué réellement Christine ? Un peu à la manière d’Hammett dans Sang maudit, le narrateur investigue la vie de Christine, interroge son frère et bientôt des secrets arrivent à la surface. Quant à la fin, on se retrouve dans une atmosphère cauchemardesque entouré par les spectres, un peu dans la veine des récit publiés dans la revue Weird tales dans les années 1930.

On finit secoué, remué, ému et émerveillé par le talent de Shepard : s’il y a encore d’autres inédits de cette qualité, avis aux éditeurs, il faut y aller !

 

 

Sylvain Bonnet

 

Lucius Shepard, Les Attracteurs de Rose Street, traduit de l’anglais par Jean-Daniel Brèque, couverture d’Aurélien Police, Le Belial, « Une heure lumière », août 2018, 134 pages, 9,90 euros

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