Les quatre saisons du Christ, ce que voulait Jésus

Un historien du Proche-Orient antique

 

Spécialiste d’histoire ancienne et professeur à l’université de Lorraine, Christian-Georges Schwentzel a beaucoup publié sur l’histoire du Proche-Orient hellénistique et romain. On lui doit ainsi une biographie d’Hérode le grand (Pygmalion, 2011), Juifs et Nabatéens (Presses Universitaires de Rennes, 2013) et Rois et reines de Judée (Lemme, 2013). Il a publié en mars aux éditions Vendémiaire Les Quatre saisons du Christ qui se veut une relecture politique du parcours de Jésus.

 

Jésus politique

Cet ouvrage n’est pas conçu pour les croyants. Christian-Georges Schwentzel cherche à comprendre, en partant du texte des évangiles, quels étaient les intentions de l’homme Jésus. Il cherche aussi à expliquer les inflexions, souvent contradictoires, du texte évangélique. Pour lui, Jésus voulait devenir le chef d’un état juif, dans la lignée des Hasmonéens et donc devait convaincre et les prêtres et les romains : vaste entreprise !

 

Quatre fers au feu

Pour arriver à son but, il a, selon notre historien, alterné quatre types de discours. Le premier se situait dans la lignée de la tradition juive, Jésus se faisant même le descendant de David, tandis que le deuxième récupérait l’idéologie monarchique hellénistique. Enfin, le messie des chrétiens développait ensuite un discours proromain (« rendre à césar ce qui est à césar »), puis un discours plus « christique », après l’échec des trois autres stratégies (mais déjà présent, sous-jacent, auparavant), faisant de lui le fils de Dieu et insistant sur sa résurrection. Si Jésus a échoué en tant que messie juif, il a en tout cas fondé une nouvelle religion !

 

Les limites de la démonstration

Christian-Georges Schwentzel nous donne ici un ouvrage passionnant, un peu dans la lignée des documentaires de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur et qui réussit à nous peindre la Judée antique avec érudition et clarté. On lui objectera cependant qu’il va loin dans les emprunts de Jésus à la pensée politique hellénistique : la guerre des Macchabées s’est faite ainsi en réaction à l’hellénisation de la Judée. De même, la révolte juive de 66-70 peut se lire aussi contre une tentative d’empêcher la romanisation des juifs (on renvoie à l’ouvrage de Martin Goodman, Rome contre Jérusalem).

 

En tout cas, en lisant cet ouvrage, une chose apparaît clairement : on en pas fini avec Jésus !

 

Sylvain Bonnet

 

Christian-Georges Schwentzel, Les Quatre saisons du Christ, Vendémiaire, mars 2018, 264 pages, 22 euros

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