« Les Voleurs de beauté »

Aux urgences psychiatriques, à Paris, un homme masqué est pris en charge par la jeune interne Mathilde, elle-même en proie aux tromperies de son compagnon. Deux désespérés qui vont passer une nuit ensemble, à s’écouter. Si l’histoire de Mathilde est effroyablement banale, celle de Benjamin est d’un autre acabit. Croyez-vous possible qu’un trio démoniaque enferme des femmes dans une ferme isolée — tristement nommée le fanoir… — pour s’emparer de leur beauté ? Les Voleurs de beauté est le récit de cette folie.

 

rester éternellement jeune

Après un accident, Benjamin et sa jeune et belle épouse sont recueillis dans une ferme isolée, en pleine tempête de neige. Mais vite l’atmosphère trouble leur paraît malsaine. Et quand Benjamin voit sa femme prisonnière, et dont on promet d’aspirer la beauté, il n’a plus le choix : il doit devenir le bras armé de ces monstres pour sauver sa femme. Mais plus il va s’enfoncer, plus il a douter de la profondeur de son amour et de sa propre humanité. Finalement, ne va-t-il pas donner raison au trio démoniaque ?

On ne vit que pour le regard des autres s’y sentir désirable, afficher les marques du vieillissement c’est simplement ne plus exister. Ainsi les personnages des Voleurs de Beauté vivent-ils ce drame, mais au lieu de se morfondre, ils ont décidé d’agir en captant la beauté de jeunes femmes qu’ils font prisonnières. Se vengent-ils sur elles parce qu’elles affichent ostensiblement, ce qui maintenant leur manque ? Ou bien est-ce un pacte démoniaque à la manière de Dorian Gray ?

 

 

 

Le roman de Pascal Brukner, récompensé d’un Prix Renaudot, posait cette question très wildienne de l’éternité de la beauté d’apparence et du fond de hideur dans l’âme. Mais, ni dans l’œuvre du philosophe ni dans l’histoire de la littérature, ce roman ne restera. L’adaptation en bande dessinée a les mêmes qualités et les mêmes défauts que l’œuvre originale : malgré le retournement final distrayant, le lecteur est dans un environnement très convenu, qui ressemble un peu au passage en collection blanche d’un roman de science-fiction…

 

 

Loïc Di Stefano

Philippe Thirault (scénario) et Manuel Garcia (dessin), Les Voleurs de beauté, adapté du roman de Pascal Bruckner (Grasset, 1997), Glénat, octobre 2018, 64 pages, 14,95 euros

 

Bouton Lire un extrait

 

Laisser un commentaire