Loups solitaires, le retour de Quadruppani

Couverture de Loups SolitairesUn vieux routard du roman noir

Ancien militant d’extrême-gauche, Serge Quadruppani a commencé à publier des romans au début des années 90, avec en particulier une trilogie chez Métailié (Y, Rue de la cloche, Forcenée) qui attira l’œil expert de Jean-Patrick Manchette. On le retrouve aussi à l’époque à la Série noire (Tir à vue, 1993) et il contribue au lancement du personnage du Poulpe avec Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal : le volume qu’il signe, La Saigne-sur-Mer, est d’ailleurs particulièrement savoureux. Egalement traducteur de Philip K.Dick et de nombreux auteurs italiens dont Valerio Evangelisti et d’Andrea Camilieri, il trouve le succès avec une série de romans consacrés à la commissaire Simona Tavianello (Saturne, La Disparition soudaine des ouvrières, Madame Courage), tous publiés aux éditions du Masque. Loups solitaires, son premier roman depuis 2012, constitue son retour au polar.

 

Un espion craque…

 Infiltré dans un groupe djihadiste au Mali, Pierre Dhiboun, membre des forces spéciales françaises, décide de revenir en France. Sa hiérarchie essaie de reprendre contact avec lui en se servant de son amie Claire, sans résultats. Dans un train en Italie, Dhiboun convainc un écrivain en mal de sensations fortes, Andrea Gandolfo, d’échanger son identité avec lui. Gandolfo le paiera de sa vie tandis que Dhiboun s’évanouit dans la nature. A-t-il rejoint le terrorisme islamique ? Pendant ce temps, près du plateau de Millevaches, Jane et Christian Meynandier s’amourachent l’un de l’autre. Jeune veuve, Jane travaille aussi pour les services secrets et voit un soir débarquer le beau Pierre Dhiboun. Tandis que Christian y voit un rival, Jane s’interroge… A raison car Dhiboun se retrouve au cœur d’un imbroglio révélant l’existence d’un réseau secret, prêt à tout pour l’éliminer…

 

Ne boudons pas notre plaisir

Cher lecteur, je ne te ferai pas de cachotteries :    Loups solitaires est un excellent roman noir, qui s’adresse cependant aux connaisseurs. Quadruppani est un artisan, un orfèvre qui a bien lu Manchette et qui maîtrise à merveille l’ironie distanciée. Il reste aussi fidèle à ses engagements à l’ultra-gauche si on suit la conclusion. Et pourquoi pas ? On a affaire ici à un vrai écrivain, plein de talent, de verve. Il serait tort de s’en priver, vu la fadeur des temps actuels…

 

Sylvain Bonnet

 

Serge Quadruppani, Loups solitaires, Métailié, octobre 2017, 240 pages, 18 euros

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