« Moi, Philip Roth » de Steven Sampson

Enfin ! Enfin il est arrivé ! Enfin il est publié,  enfin nous pouvons le lire. Je parle du livre Moi, Philip Roth de l’ami Steven Sampson. Ayant eu la chance d’avoir passé depuis presque deux ans, quelques moments avec l’auteur et notre ami commun Roland Jaccard, je sais comme le parcours de ce livre fut difficile alors que pour moi et beaucoup de ses amis il était évident que ce livre devait être.

Ce roman est une évidence au vu de la qualité du travail de notre Américain à Paris qui, après avoir consacré différents articles et livres à son maître Philip Roth, dont les excellents  « Corpus Rothi » I et II parus en 2011-2012 chez Leo Sheer, a enfin trouvé auprès de  l’éditeur Pierre-Guillaume de Roux une oreille attentive.

Dans cet opus Philip Roth est partout, mais alors vraiment partout. Que ce soit dans le réel ou l’imaginaire de l’auteur, dans sa thèse ou dans sa vie sentimentale. 

En quelques dizaines de pages,  Steven Sampson nous fait vivre l’aventure d’un homme plongé dans la rédaction d’une thèse sur celui qui occupe ses pensées depuis toujours, ROTH ! 

 

Une thèse justifie-t-elle la souffrance ? Il ne m’autorise pas à la lire, je ne sais rien de lui, de son projet existentiel. Tout ce qu’il veut, c’est me dominer, coucher, me mettre en scène. Il appelle ça Philip Roth et moi. »

 

Obsédé par son auteur fétiche et surtout par son livre La Leçon d’anatomie (1) qu’il place au panthéon de l’auteur,  Jessie Y (double de l’auteur ?) va jusqu’à imaginer les choses les plus folles mettant en danger ses relations mais peut-être et surtout sa santé mentale. 

Des rencontres, des interrogations, une grossesse inopinée pour Marie (la référence religieuse n’est jamais loin chez l’auteur), l’évolution chaotique des relations humaines. Ce livre est en fait un condensé de la vie d’un passionné, d’un fou d’amour pour un auteur et assurément à la lecture de ce roman Roth n’est pas mort, loin de là.

 

Je suis dans la thèse, Hervé, » a dit Marie. « Au début, je n’y croyais pas, il m’a menti. Tu te rends compte ? À la soutenance tout le monde saura combien je pèse, comment je fais l’amour, au lit. Des chapitres gênants, inutiles, intitulés Marie au lit, Marie se réveille, Marie fait pipi. »

 

Un livre tout en finesse et tout en métaphore qui permet de faire connaissance avec le monde de Steven Sampson. 

Après cette lecture je n’ai qu’une envie : c’est que ce livre ne soit que le premier d’une longue série. J’ai tellement  accroché à l’écriture, à l’univers de l’auteur que je compte bien «  lui mettre la pression » pour qu’il remette ça au plus vite.

 

Eric Neirynck

 

Steven Sampson, Moi, Philip Roth, Pierre Guillaume de Roux, septembre 2018, 212 pages, 18 euros.

(1) La Leçon d’anatomie constitue le troisième volet du triptyque Zuckerman, ouvert avec L’Ecrivain des ombres et poursuivi par Zuckerman délivré. Nous retrouvons l’auteur de Carnovsky terrassé par un mal mystérieux, épouvantable douleur de la nuque et de l’épaule, rebelle à tout traitement, qui le contraint à porter un col orthopédique et à passer la quasi-totalité de son temps allongé sur un tapis de jeu dans son cabinet de travail, la tête sur le Roget’s Thesaurus, dans l’incapacité absolue d’écrire la moindre ligne.

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