« Moonshine, tome 1 » : polar au clair de lune

Couverture du comics Moonshine tome 1Les auteurs du génial 100 Bullets reviennent à leur genre de prédilection, le polar. Mais attention : les forêts de l’Amérique de la Prohibition dissimulent des menaces ancestrales… Un album impossible à lâcher avant la dernière case !

 

 

La Prohibition américaine. Joe Masseria est le caïd de la pègre de New York. Pour alimenter ses bars clandestins, il veut s’associer à Hirma Holt, un des meilleurs producteurs d’alcool de contrebande. Pour négocier avec lui, Masseria envoie le jeune tueur à gages, Lou Pirlo dans un coin perdu de la Virginie. Seulement Holt est loin d’être disposé à collaborer. Et les forêts de Virginie dissimule un secret plus dangereux encore…

Deux artistes chevronnés

Brian Azzarello/Eduardo Risso, voilà un duo particulièrement bien rôdé du monde des comics. On pense en premier lieu à l’incroyable polar 100 Bullets. Mais il ne faut oublier non plus les autres pépites de ces deux artistes : Jonny Double, Batman – Cité brisée, ou bien encore le curieusement resté inédit Spaceman (publié aux USA sous le label Vertigo). Et le fait est : dès les premières pages, on sent que les deux artistes ont l’habitude de travailler ensemble, et il ne faut pas longtemps avant que ce Moonshine ne trouve son rythme de croisière.

 

Extrait du comics Moonshine tome 1
crédit : Eduardo Risso (Image Comics)

 

Polar en pleine Prohibition

Moonshine nous plonge donc à l’époque de la Prohibition et invoque chez le lecteur des images de cinéma et de séries tv, les Incorruptibles en tête. C’est tout le decorum à la Al Capone que le style puissant et sombre de Risso fait revivre devant nos yeux : vieilles voitures Ford T, mitraillettes modèle Thompson, chaussures à guêtre, etc. Sauf que dans Moonshine, oubliez les agents d’Elliot Ness : l’intrigue nous place en fait de l’autre côté de la justice, dans le camp d’en face, celui de la Mafia : on y suit les aventures de Lou Pirlo, homme de main inexpérimenté mais fougueux qui, derrière son assurance, cache ses propres fêlures.

 

Extrait du comics Moonshine tome 1
crédit : Eduardo Risso (Image Comics)

 

Promenons-nous dans les bois…

Souvent, dans la culture étatsunienne, les grands espaces sauvages riment avec danger. Qui sait ce qui peut bien se cacher dans ces régions quasi-inhabitées ? Au détour de leur polar savamment huilé, Azzarello et Risso invoque insidieusement une des grandes figures classiques du fantastique. Seulement parce qu’ils s’appuient sur les bases d’un autre genre (le polar donc), les auteurs parviennent à nous déstabiliser et nous surprendre.

Avec ce tome 1, Moonshine est, de ce point de vue, une très belle réussite. Mieux : un véritable page turner qu’on ne peut que lire d’une seule traite. Une grande et magnifique réussite.

 

À LIRE AUSSI :

Le lexique des comic-booksLe lexique des comics : le vocabulaire indispensable

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

Brian Azzarello (scénariste), Eduardo Risso (dessinateur), Moonshine, tome 1, traduit de l’anglais par Jérémy Manesse, Urban Comics, « Urban Indies », octobre 2017, 160 pages, 10 euros (prix de lancement)

 

Bouton Lire un extrait

Laisser un commentaire