Phare 23, le phare du bout de l’espace

Un auteur à la mode

Encore inconnu au début de la décennie, Hugh Howey a éclaté avec Silo, publié par Actes Sud en 2013. Dans ce roman, il imaginait une humanité coupée de la surface suite à un cataclysme mystérieux. Il écrivit ensuite deux suites, Silo origines et Silo Générations. En 2016, Actes Sud a publié Phare 23, repris ici dans la collection poches Babel. Hugh Howey a suscité l’hostilité d’une partie de la communauté des fans de science-fiction : est-ce mérité et surtout cela vaut-il le coup de le lire ?

Gardien de phare galactique

C’est un ancien soldat, qui a perdu la moitié de son intestin dans une action d’éclat contre les Ryphs, des aliens particulièrement violents et combatifs que l’humanité combat avec acharnement. Après sa blessure, il a signé un contrat avec la NASA et a été affecté au phare 23. Là, il surveille le trafic, signale et répare les avaries, envoie des messages à Houston, attend. Attend quoi ? Il fuit son passé, cette bataille où il a gagné une médaille et dont il ne veut pas parler. Quand des chasseurs de primes débarquent à la recherche d’une fille, il les accueille, les entourloupe, sans se douter que la fille est montée à bord du phare 23. Scarlett, qu’il a connu à l’armée, lui annonce que lui seul peut mettre fin à la guerre contre les Ryphs, parce qu’il a refusé autrefois de détruire une de leurs ruches… Scarlett est tuée mais l’offre, même s’il ne le sait pas encore, demeure.

Efficace sans être original

D’une lecture agréable, Phare 23 fait penser à Etoiles garde à vous ! de Robert Heinlein, par l’évocation de ce conflit avec une race si différente que les humains n’arrivent pas à entrer en contact avec elle et aussi par la militarisation de l’espèce qu’elle entraîne. Le narrateur, qu’on connaîtra finalement sous le sobriquet de « Digger », nous intéresse à son histoire, à ses tourments, à ses émotions assez habilement : Howey maîtrise bien la narration à la 1re personne et le pathos qu’elle entraîne. Phare 23 convainc donc mais sans plaire réellement. On a l’impression d’un devoir bien fait, aux relents vaguement antimilitaristes (mais pas trop non plus).

On peut prendre du plaisir à la lecture de Phare 23 mais il n’est pas sûr qu’on s’en rappelle ensuite beaucoup…

 

Sylvain Bonnet

Hugh Howey, Phare 23, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Estelle Roudet, Actes sud, « Babel », février 2018, 237 pages, 7,80 euros

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