Rencontre avec la blogueuse polar Anaïs Serial lectrice

A force de navigation sur le Web à la recherche de petits îlots solides où ancrer son désir de lectures, on rencontre des blogueurs investis, honnêtes, qui ne cherchent rien sinon le pur plaisir de partager leur passion. Dans sa spécialité — le polar ! — Anaïs serial lectrice fait figure de modèle, pour son intégrité, son travail sur les réseaux notamment l’animation de groupe de fans, l’engouement qu’elle met toujours dans ses chroniques mais aussi pour la voir parfois lâcher un livre, et nous faire gagner du temps. Il fallait que nous rencontrions cette Serial lectrice ! 

 

 

Comment vous est venu cet impudique désir de donner votre avis sur vos lectures ? L’attrait des services de presse ?

J’ai, dans un premier temps, créé un compte lecture Instagram dans le but de partager des photos de mes moments lecture. J’aime la photographie et c’est uniquement dans ce but que j’ai créé ce compte. Rapidement, j’ai commencé à donner un avis de quelques lignes, et je me suis prise au jeu en rédigeant des articles de plus en plus construits. Instagram a vite montré ses limites car il y a un nombre de caractères très limité, trop pour la bavarde que je suis. 

L’idée de monter mon blog était présente depuis longtemps, dans un coin de ma tête : je n’ai aucun lecteur dans mon entourage et je n’avais personne avec qui partager mon ressenti. Je n’osais pas vraiment me lancer à vrai dire, parce que je ne voyais pas ce que j’avais à apporter au milieu du blogging, je ne savais pas comment j’allais pouvoir me faire connaître et sortir du lot, d’autant plus que certains blogueurs sont bien installés depuis plus longtemps que moi, et que les blogs pullulent sur les réseaux sociaux. 

Après quelques mois de réflexion, c’est sur un coup de tête que je me suis lancée, et je l’ai créé en juin 2016.

Les services de presse n’ont pas été l’élément déclencheur, déjà parce qu’à la base je savais vaguement que ça existait mais je pensais que c’était à destination des journalistes et des libraires uniquement, et ensuite parce que j’ai toujours eu du mal à aller réclamer quelque chose de gratuit, je n’ai quasiment pas démarché de maisons d’édition, c’est venu tout seul au bout de plusieurs mois quand j’ai commencé à me faire connaître. 

Je suis aujourd’hui en partenariat avec une grande partie des maisons d’édition qui publient du thriller, et j’ai effectivement la chance de recevoir les livres que je veux. Je me mets une limite et n’accepte pas tout ce qu’on me propose, j’ai un travail à plein temps, une vie personnelle bien remplie, et je ne peux pas lire 20 livres par mois. Je prends les services de Presse (SP) comme une sorte de contrepartie à mon travail de blogueuse, cela implique de respecter un délai raisonnable pour la parution de la chronique, et implique aussi de communiquer de manière assez importante autour du livre lu, afin qu’il ait une belle visibilité sur les réseaux. Les maisons d’édition ne peuvent pas se permettre d’envoyer des SP à tous les blogueurs, ils ciblent logiquement ceux qui ont le plus de vues ou de followers, et je trouve ça logique de les mettre en avant de manière importante. J’utilise énormément Instagram parce que le visuel est très important pour moi, et que c’est un réseau en plein essor.

 

© Anaïs Serial lectrice

 

Aujourd’hui vous êtes légitimement qualifiée de « top blogueuse » dans votre domaine du roman policier, quel effet ça fait ? 

« Top blogueuse », carrément ? J’en suis flattée, ah ah ! je préfère personnellement dire que « ça tourne plutôt bien ». 

Les débuts ont été difficiles, j’ai plafonné à 30, 40 visites par jour pendant au moins un an et demi. Les jours où je ne publiais pas je n’avais quasiment aucune visite. Mais finalement je m’en fichais car je ne cherchais rien de particulier avec ce blog, juste à donner mon ressenti sur mes lectures. J’ai donc continué, malgré le temps très important que ça prend de gérer un blog et des réseaux sociaux (j’y passe en moyenne 3h par jour, essentiellement en fin de journée quand je rentre du travail). Le week-end, ça peut monter bien plus haut.

Tout s’est accéléré pour moi à l’automne 2017. Je ne sais pas ce qui s’est passé, je n’ai rien fait de plus que ce que je faisais depuis plus d’un an, et ça a pris des proportions assez importantes et incroyables.

En fait c’est dingue cette émulsion qu’il y a autour de ce que je fais, parce que finalement, je ne suis qu’une simple lectrice qui donne son avis et fait des photos… Le terme d’influenceur revient régulièrement en ce moment, c’est un terme que je n’apprécie pas parce que ça implique un aspect marketing et clairement, je ne fais pas ça pour l’argent. Je ne suis pas rémunérée pour ce que je fais, je ne conseille pas un livre parce qu’une maison d’édition ou un auteur me le demande, je le conseille parce que je l’ai apprécié, simplement. Il est assez flippant pour moi de me rendre compte du nombre de personnes qui me disent « j’attends ton retour avant d’envisager de l’acheter ». C’est fou ! 

 

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