« Robinson » de Laurent Demoulin, l’amour pur d’un père

Spécialiste de la poésie française du XXe siècle, auteur d’une thèse de doctorat sur Francis Ponge, Laurent Demoulin a une relation toute personnelle aux mots. Son enfant est autiste, autre relation particulière aux mots. Et c’est dans un texte autobiographique très émouvant, Robinson, qu’il montre toutes les difficultés de vivre au quotidien avec un enfant si aimé et si réfractaire à toute forme de communication à la fois.

 

Oui-autiste et non-autiste

Robinson n’est pas une grande aventure, c’est le petit quotidien d’un père qui se recentre sa vie autour de son enfant.

Quelle plus belle preuve d’amour que ce père qui, littéralement, donne la parole à son fils ? Dans les voyages, les petits rien du quotidien, après ses crises d’énervement, au parc, au supermarché, après toutes les difficultés accumulées pour un rien qui soudain transforme le quotidien simple pour tout le monde en grande difficulté, en épreuve à surmonter. Robinson est autant le roman de cet enfant merveilleux que les difficultés du père à rester plein de son amour et sans les ressentiments envers une société qui rejette tout ce que son oui-autiste de fils est.

 

Robinson n’a aucun problème. Parfois, il s’ennuie, parfois il râle, parfois il a mal au ventre. Mais la plupart du temps, il est gai, harmonieux, bien dans son corps, content de ses occupations. / Il n’a pas de problème. Mais il en est un. Dans le monde tel qu’il est et tel que de plus en plus il devient. »

 

Il y avait Le Petit Prince cannibale de Françoise Lefevre (Actes sud, 2005), témoignage magnifique sur les difficultés d’une mère à élever son enfant autiste. Il faudra maintenant compter aussi avec Robinson de Laurent Demoulin, qui est d’un ton plus léger mais pour témoigner d’une réalité tout aussi compliquée. Un très beau témoignage d’amour.

 

Loïc Di Stefano

 

Laurent Demoulin, Robinson, Gallimard, « Folio », 256 pages, mai 2018, 7,25 euros

Robinson a reçu le Prix Victor-Rossel 2017

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