Sacrées guerres, le choc du passé

Un historien vulgarisateur

Spécialiste d’histoire médiévale, Alessandro Barbero enseigne à l’université du Piémont-Oriental de Vercelli. Il a publié des ouvrages hors de son champ de compétences, s’imposant comme un formidable vulgarisateur. On lui doit notamment Le Jour des barbares (Flammarion, 2006), Waterloo (Flammarion, 2005) ou La Bataille des trois empires (Flammarion, 2012). Ici, Les éditions Flammarion rééditent Sacrées guerres, un court essai consacré aux croisades et au jihad.

 

Retour sur un évènement qui fait couler encore de l’encre…

Il est difficile dans notre Europe occidentale aujourd’hui a-religieuse de comprendre comment des milliers d’hommes se sont mis à penser la guerre comme une chose sainte et que tuer l’hérétique permettait de gagner son droit à la rédemption. Il convient ici de souligner, à l’instar d’Alessandro Barbero, que le christianisme originel rejetait et la violence et la guerre. Pourtant, au Xie siècle naît l’idée de croisade, d’abord en Espagne (la bataille de Barbastro en est un exemple). Et voilà qu’à l’appel du pape, à un moment où les pèlerinages en Terre sainte sont rendus difficiles par les turcs, chevaliers et gens du peuple partent en croisade. Ils commenceront par massacrer des communautés juives, puis des manichéens dans les Balkans. Avant d’arriver au Proche-Orient et de prendre Jérusalem dans le sang.

 

Des rapprochements étranges

 

Les croisés sont restés près de deux siècles et ont dû cohabiter avec les populations locales. Leur supériorité militaire initiale leur a garanti une certaine stabilité, du moins jusqu’à l’arrivé de Saladin. On sait moins que, durant les périodes de paix, francs et turcs se parlent, se fréquentent, commercent ensemble. Les croisés reconnaissent le courage des turcs et les voit comme des chevaliers. Les croisés découvrent les charmes et l’hygiène des bains. Les turcs ne comprennent pas les mœurs des francs, particulièrement vis-à-vis de leurs femmes. Quant aux byzantins, on sait grâce à Anne Comnène, que le choc culturel fut aussi grand… Au fond, l’essai de Barbero parle de ça, du choc culturel que furent les croisades. Stimulant.

 

 

Sylvain Bonnet

Alessandro Barbero, Sacrées guerres, traduit de l’italien par Jean-Marc Mandosio, Flammarion, mai 2018, 125 pages, 6 euros

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