« Salut à toi ô mon frère », les travers de notre époque

Un auteur sur lequel on a misé

De Marin Ledun, l’amateur de polars a déjà lu pas mal d’ouvrages : citons La Guerre des vanités (Gallimard série noire, 2010), L’Homme qui a vu l’homme (Ombres noires, 2014), En douce (Ombres noires, 2016). L’un d’eux, Les Visages écrasés, a remporté le trophée 813 du meilleur roman francophone en 2011, avant d’avoir le bonheur d’être adapté au cinéma avec Isabelle Adjani. Voici qu’il revient à la Série noire avec Salut à toi ô mon frère. On a placé pas mal d’espoirs en lui à une époque : est-ce que Marin Ledun en valait le coup ?

 

Un innocent à sauver

Bienvenue à Tournon avec la Famille Mabille-Pons ! Faisons connaissance avec les parents, Charles, qui passe les examens pour devenir notaire, et Adélaïde, infirmière de son état. Ils ont eu six enfants, dont trois adoptés. La famille est un matin réveillée par la police : Gus est recherché pour un cambriolage à mains armés et tentative d’homicide. Sa sœur Rose, convaincue de l’innocence de son frère, décide de mener sa propre enquête. Malgré l’attirance qu’elle éprouve pour le lieutenant Richard Personne, chargé de l’affaire.

 

Humour et second degré convenus

On termine ce roman en ayant adoré ses dialogues savoureux et ses personnages hauts en couleur. Marin Ledun sait mener un récit, ménageant rebondissements et chausses trappes. On apprécier moins la tendance de ce roman au name-dropping. David Bowie, Metallica et Manchette (oui, oui) y passent. Mazette, on a presque l’impression d’être dans un film de Tarantino. Comme dans un film de l’ex enfant prodige de l’écurie Weinstein, on passe un bon moment, mâtiné d’agacement (pour rester poli, hein, ma mère veille). Car aucune surprise dans ce roman où les péquenauds sont racistes (ça existe, attention) et où l’héroïne réussit par une succession de miracles (le très haut n’est pas loin) à sauver son frère Gus victime des soupçons liés à sa couleur de peau (il est d’origine colombienne).

On termine en se disant : et alors ?  Quid des rapports de chacun dans le système de production, pour paraphraser un Manchette qui doit bien se marrer de là où il est. Salut à toi ô mon frère constitue un bon moment de lecture qui sera jouissif pour certains. Pas pour nous.

 

Sylvain Bonnet

Marin Ledun, Salut à toi ô mon frère, Gallimard « série noire », mai 2018, 288 pages, 19 euros

 

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