The Authority, tome 2

  Réédition d’un des must du genre super-héroïque aux éditions Urban Comics. L’occasion de se replonger ou de découvrir une des équipes les plus jouissives de ces 20 dernières années. Un album essentiel (avec des inédits).

 

 

Jenny Sparks, l’esprit du vingtième siècle et leader de Authority, est morte le soir du 31 décembre 1999. Jack Hawksmoor reprend en main son groupe de super-humains. Et il décide de rendre l’équipe beaucoup plus proactive. Quitte à risquer sa vie pour sauver l’univers de menaces inter dimensionnelles, autant que ça en vaille coup. Comprendre : Authority compte bien débarrasser la Terre des dictateurs et autres pourris. Mais ce quasi coup d’état est loin d’enchanter les gouvernements des grandes puissances qui espèrent neutraliser Authority pour les remplacer par leurs propres agents…

 

 

Changement d’équipe

Rarement un comics aura eu un duo d’artistes en pareil osmose. Et ce, deux fois d’affilée ! Je m’explique : dans le tome 1 de The Authority, c’est le duo Warren Ellis et Bryan Hitch qui dirigeaient les opérations. Sous leur impulsion, Authority était une série puissante avec des concepts incroyables et barrés imaginés par Ellis. De son côté, les dessins d’un Bryan Hitch inspiré comme plus jamais parvenaient à matérialiser les délires d’Ellis tout en donnant aux personnages une élégance et une noblesse surprenante. À la fin de leur run, on était en droit de s’inquiéter.

 

 

Un duo d’artistes en symbiose parfaite

On dit souvent que la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit… Jamais sauf dans Authority, suis-je tenté de dire ! Pour la seconde « saison » de Authority, c’est le couple Mark Millar et Frank Quitely qui prennent la relève. Dans un style différent mais une réelle continuité. Sous leur houlette, Authority change un peu d’approche. La série devient franchement plus bourrine. On sent que Mark Millar prend son pied à décocher des répliques jouissives à presque chaque page. Son écriture rend chaque personnage bad ass au possible. On connaît Mark Millar pour son esprit sale gosse, il s’en donne ici à cœur joie, avec des scènes hallucinantes. Les héros de Authority version Millar ne sont pas parfaits (le Docteur est un drogué) mais ils partagent une qualité : ils sont incorruptibles. Leur pouvoir ne les a pas pourris, au contraire il les a élevés. Et leurs adversaires sont à la hauteur comme ce pastiche corrosif des Avengers. Millar touche au monstre sacré Jack Kirby en faisant un vilain de premier ordre (tout en lui rendant évidemment hommage). La symbiose Millar-Quitely fonctionne a plein régime, le dessinateur répondant par des personnages massifs et puissants sans sacrifier au dynamisme de l’action.

 

 

Presque 20 ans et pas une ride

Évidemment, une telle entente entre scénaristes et illustrateurs a un revers. Quand les duos Ellis-Hitch et Millar-Quitely ne sont plus aux commandes, la série perd un peu de son âme. Non pas que les autres épisodes proposés à la fin de ce tome 2 soient foncièrement mauvais. Mais quand on a goûté à l’acmé du genre, difficile de revenir à quelque chose de plus conventionnel. Mais qu’importe. Réjouissons-nous : Authority n’a pas pris une ride et si vous n’avez pas encore lu cette série, il est temps de combler ce manque. Les vieux routards pourront profiter des épisodes 13 et 14 dans une version noir et blanc non censurée réunis en fin d’album.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

Frank Quitely (scénario), Mark Millar (dessin), The Authority, tome 2, traduit de l’anglais par Jeremy Manesse, Urban Comics, collection DC Essentiels, avril 2018, 480 pages, 35 euros

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