5 raisons de lire The Private Eye

Dans The Private Eye, Brian K. Vaughan et Marcos Martín imaginent un polar noir dans un monde post-internet surprenant et une réflexion passionnante sur la vie privée et le pouvoir des médias. Un comics indispensable.

 

Couverture de The Private EyeThe Private Eye : un univers étonnant

Autrefois, les Américains stockaient leurs données les plus secrètes dans le cloud : mails, dossiers médicaux, textos, photos Facebook, historiques de recherches, etc. Mais un jour, le cloud a éclaté au grand jour : tout le monde a eu accès à la vie privée de son voisin. Des carrières ont été brisées, et des vies détruites.
2076. Dorénavant, la vie privée est un droit essentiel. Pour la garantir, les citoyens usent (et abusent) de pseudonymes. De plus, ils sortent dans la rue dissimulés derrière leur « nyme », leur masque qui dissimule leur véritable visage. Enfin, la communication numérique n’est plus digne de confiance : les informations papier s’échangent via des tubes.
P.I. est un détective privé d’une vingtaine d’années habitant Los Angeles. Un jour, il est engagé par une séduisante jeune femme pour enquêter sur son passé et ses « erreurs de jeunesse ». Mais quand la belle est retrouvée assassinée, P.I. comprend qu’il se retrouve au centre d’une affaire qui va le conduire au cœur d’un vaste complot…

 

Extrait du comics The Private Eye
crédit : Marcos Martín (Panel Syndicate/Image Comics)

 

Un scénario riche

The Private Eye s’ouvre sur une scène évoquant à la fois Fenêtre sur cour (pour son photographe voyeur) et Blade Runner (pour sa poursuite à travers une ville futuriste). Des références qui évoquent évidemment le polar noir et futuriste. Brian K. Vaughan imagine une intrigue qui invoque ces deux genres. Mieux, il développe en toile de fond un questionnement sur la notion de vie privée à notre époque où Facebook et les réseaux sociaux grignotent lentement mais sûrement l’intimité. Brian K. Vaughan égratigne aussi le pouvoir des médias, surnommé le Quatrième Pouvoir, comme outil à la fois de surveillance et de contrôle des masses. The Private Eye, sous prétexte de raconter un bon polar, n’oublie jamais de questionner ses lecteurs.

 

 

Des dessins fluides et lumineux

Le dessinateur Marcos Martín est notamment connu en France pour Batgirl : Année Un et son incroyable run sur Daredevil avec Mark Waid au scénario. Déjà, dans ces deux séries, Martín s’était fait remarquer pour la fluidité de sa narration et de ses mouvements. The Private Eye est donc l’occasion pour lui de pousser un peu plus son talent. En effet, la série a d’abord été publiée sur le net dans un format calibré pour les écrans. Allez donc voir le site panelsyndicate.com, vous y trouverez d’autres séries en accès libre. Avec The Private Eye, Marcos Martín choisit la difficulté, plus précisément dépeindre un monde futuriste et pessimiste mais lumineux (les couleurs sont éclatantes).

 

Extrait du comics The Private Eye
crédit : Marcos Martín (Panel Syndicate/Image Comics)

 

Des bonus originaux

Généralement, les bonus à la fin d’un album se limitent souvent à quelques couvertures alternatives. Mais ceux de The Private Eye plongent réellement les lecteurs au cœur du processus créatif. En effet, nous pouvons lire les échanges de mails entre Brian K. Vaughan et Marcos Martín. Nous suivons leurs choix et sommes les témoins de leurs doutes et de leurs craintes. Rarement on aura permis aux lecteurs de comprendre à ce point les différentes étapes de la création d’un comics. Au-delà des croquis de Martín, c’est surtout l’énergie débordante des créateurs qui frappe à la lecture. Avec ces bonus, nous observons de près la création de l’histoire.

 

 

Une édition soignée

Urban Comics a particulièrement soigné The Private Eye. En effet, la version française se présente sous la forme d’un album original et luxueux. Le format à l’italienne respecte la mise en page originelle ; la couverture est en carton très épais. Ajoutez à cela un papier de qualité et à fort grammage. On a donc le sentiment de tenir un beau livre, impression renforcée par un signet et une tranchefile en tissu. Bref, le lecteur est gâté, sans compter que le prix ne s’en ressent pas. Résumons : une intrigue passionnante, des dessins magnifiques et une édition soignée ; The Private Eye est le cadeau idéal pour tout amateur de comics et d’anticipation.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

Brian K. Vaughan (scénariste), Marcos Martín (dessinateur), The Private Eye, Urban Comics, collection Urban Strips, octobre 2017, 304 pages, 28,00 euros

 

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