« Tous les hommes chaussent du 44 » ou l’amour à tout prix

Résultat de recherche d'images pour "les hommes chaussent du 44"

Que celle qui ne s’est jamais emballée un peu trop vite en amour jette la première pierre ? A cette question, nous serons nombreuses à détourner le regard, l’air de rien. Chercher à tout prix l’amour, le voir partout sauf où il se trouve, c’est à cette expérience que s’attaque Géraldine Barbe à travers le personnage haut en couleur de Gilda que nous retrouvons après Au feu, Gilda (1).

 

Chercher l’amour quand il rend aveugle

Gilda a 40 ans, divorcée et un enfant. Après une carrière d’actrice pas vraiment convaincante, elle avait décidé de se lancer dans la littérature, avait eu un coup de foudre pour le père d’un camarade de classe de son fils, le tout sans grand succès. Résultat des courses, Gilda est bien décidée à ne plus se laisser emporter. Mais ça, c’était avant de rencontrer Patrick : cette fois, c’est sûr, avec lui, ce sera l’amour parfait. La machine à fantasmes est lancée et peu importe que Patrick soit du genre “impossible” avec son humeur dépressive, son divorce en cours et le fait qu’il habite à 350 km. Un amour si parfait que Gilda décide d’en faire le sujet de son prochain roman, un best seller en devenir à coup sûr! Mais face à ce délire amoureux, une certaine Lady, petite voix intérieure, l’appelle à la méfiance et à raison garder. Mieux, elle finit par prendre le pouvoir pour nous raconter l’envers du décor et tout ce que Gilda refuse de s’avouer et à nous avouer.

Au feu, Gilda !

L’amour à tout prix.

Trouver chaussure à son pied. C’est bien le sujet de Tous les hommes chaussent du 44 à travers le personnage loufoque de Gilda. Il faut dire que Gilda n’en rate pas une : elle s’emballe en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, n’écoute pas ses amies qui essayent de lui faire entendre raison et refuse de voir la vérité même lorsqu’elle l’a sous le nez. Le lecteur n’a qu’une envie : la saisir par les épaules et la secouer pour la ramener à la réalité. Pourtant si le récit prête à rire, que le personnage agace par sa capacité à foncer droit dans le mur, il prête aussi à réflexion.

Dans une société où tout va toujours plus vite, où l’on veut tout, tout de suite, la recherche de l’amour parfait devient un vrai parcours du combattant à plus forte raison dans les grandes villes. Preuve en est la multiplication des sites de rencontres mettant en relation de parfaits inconnus préférant chercher virtuellement l’amour plutôt qu’autour d’eux. Gilda est donc l’incarnation de nombreuses femmes de toute âge qui recherchent frénétiquement l’amour oubliant toute jugeote au passage par peur de rester seule. Aussi lorsque Lady balance ses quatre vérités à Gilda, c’est aussi à nous qu’elle s’adresse et rire de Gilda, c’est pratiquer l’autodérision.

 

Dans Tous les hommes chaussent du 44, Géraldine Barbe nous livre une satire sociale, drôle et frénétique à lire pour trouver l’amour en bas de chez nous.

 

Clio Baudonivie

 

Géraldine Barbe, Tous les hommes chaussent du 44, La brune au Rouergue, mars 2017, 128 pages, 13,80 euros

 

(1) Géraldine Barbe, Au feu, Gilda, La brune au Rouergue, février 2016, 144 pages, 14,80 euros

Laisser un commentaire