Une aventure nommée Federer

Journaliste de radio et de télévision, Thomas Sotto a une passion : Roger Federer. Fier d’avoir pu, après deux années de tractations, le recevoir pour un très grand et très bel entretien à l’antenne d’Europe 1, il publie aujourd’hui une manière de petit guide pour comprendre, un peu, cette Aventure nommée Federer. Au moment où le Suisse est revenu numéro 1 mondial, à 36 ans, ce petit livre de fan tombe à point nommé !

 

Du jeune râleur à la peRFection : histoire d’un joueur

Très certainement — et dans la bouche de tous ses adversaires et admirateurs — le plus grand joueur de l’histoire du tennis, Roger Federer naît à Bâle le 8 août 1981, et c’est chez lui qu’il apprendra le tennis, deviendra ramasseur de balles et fera ses premières armes. Bâle, c’est son jardin. Normal qu’il privilégie ce tournoi mineur chaque année et qu’on pense que ce sera le lieu de l’annonce de la fin de son immense carrière.

Jeune joueur, déjà talentueux, on découvre un rageur, râleur, briseur de raquettes (même si, avant qu’il ne soit sponsorisé no limit, il se contentait en économe suisse de les jeter contre le grillage…). Ses colères en faisaient un mini-McEnroe. Mais l’envie et le talent le poussent vers l’avant.

 

Federer et Nadal après leur victoire en double lors de la troisième journée de la Laver Cup 2017, sous l’œil de John McEnroe

 

Il faut aussi compter sur l’immense talent de ses deux principaux rivaux (Nadal et Djokovic) pour le pousser à améliorer sans cesse son jeu. L’opposition légendaire des deux grands du tennis que sont Roger Federer et Rafael Nadal — sa bête noire — ont fait énormément pour ce sport, d’autant que, une fois les raquettes rangées, ce sont les deux meilleurs amis du monde, respectueux du talent de l’autre et jamais avare de compliment.

 

Une lutte au plus haut niveau qui aura duré des années. Entre duo et duels, ces gladiateurs-là auront sublimé leur discipline. Liant leur destiné sportive jusque dans l’acronyme “Fédal”, synonyme d’excellence est de panache ».

 

Ce duo / duel s’inscrit dans l’histoire du tennis au même titre que Borg vs McEnroe, Sempras vs Agassi ou Navratilova vs Evert, mais y ajoute une surabondance de titres et de records, et une réelle amitié en dehors des courts.

 

Roger et Mirka en double mixte

 

Le miracle Mirka

C’est la rencontre avec Miroslava « Mirka »Vavrinec, très estimable joueuse de tennis mais pas une grande championne, aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000, qui va changer toute la vie du champion. D’abord,

Mirka, c’est son socle, elle l’a modelé pour en faire celui qu’on connaît aujourd’hui comme un homme très élégant, mais elle lui a surtout apporté la stabilité. Cette belle histoire d’amour, dont rien jamais n’est en une de la presse à scandale,

Présente sur tous les cours, Mirka est la très discrète gérante de l’entreprise Federer. S’il contrôle tout, c’est elle l’éminence grise. Et c’est vers elle qu’il tourne le regard quand cela tourne mal sur le terrain, et c’est vers elle qu’il laisse éclater sa joie quand il gagne.

 

Brisbane, 2016

 

La légende RF

[…] lorsque le futur vainqueur du tournoi a battu son poulain, Richard Gasquet, au troisième tour de l’Open d’Australie (6/2, 7/5, 6/4), en janvier 2018, [Fabrice] Santoro a fait un aveu à Federer : / — “C’est bizarre, c’est la toute première fois de ma vie, ce soir, que j’étais contre toi.” — “Mais on s’est déjà joué tellement de fois” lui rétorque-t-il, un peu étonné. — “Oui, c’est vrai ! Mais même lorsque je jouais contre toi j’étais pour toi”, conclut le français. »

Pourquoi tout le monde aime Federer ? outre qu’il ai un palmarès hors du commun, un jeu d’une élégance et d’une pureté académique, c’est un homme élégant en dehors des cours. Il consacre une partie de ses gains à soutenir des programmes de scolarisations d’enfants en Afrique (bien avant d’entrer dans la légende, il a 22 ans quand il crée sa Roger Federer Fondation), il participe toujours volontiers a des matchs d’exhibition, il n’y a aucun sandale lié à sa vie privée (c’est un bon père de famille). Bref, c’est un modèle dans la vie comme sur les courts, fait de grâce, de classe et d’humilité.

A voir comment, après une victoire, même rassasié de titre, il fond en larme et retrouve cette joie toute infantile d’avoir gagné, on ne peut qu’admirer sa capacité à, d’abord, aimer ce jeu. Aimer gagner, aimer marquer encore un peu plus la légende de ce sport auquel il a tout donné et qu’il a tant promu. Il a même créé son propre tournoi, la Laver Cup — en hommage à l’immense champion australien Rod Laver), qui oppose l’Europe au reste du monde.

 

Une aventure nommée Federer est une bonne introduction à la vie et l’œuvre du maître. Les fans — qui comprendront que Thomas Sotto l’est au premier degré ! — retrouveront quelques petites séquences intéressantes et beaucoup de témoignages (Marc Rosset, Ilie Nastase, Patrick Mouratoglou, Jean Gachassin, Amélie Mauresmo, etc.), les autres découvriront une petite partie de la vie du dieu RF, le reste étant tenu secret par cet homme extraordinaire qui contrôle tout et se veut, avant d’être l’icône de grandes marques (Mercedes, Rolex, etc.), un homme qui répète que, « parfois, vous êtes juste heureux de jouer ». Roger Federer, c’est la joie du tennis à l’état pure.

 

Loïc Di Stefano

 

Thomas Sotto, Une aventure nommée Federer, éditions du Rocher, mai 2018, 2016 pages, 16,90 euros

 

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