Vercingétorix, rival et disciple de César

Un archéologue devenu spécialiste de la civilisation gauloise

Auteur d’Alesia, 27 septembre 52 av. J.-C. (Gallimard, 2012) et des Celtes, histoire d’un mythe (Belin, 2014), Jean-Louis Bruneaux s’est fait remarquer pour ses positions plutôt iconoclastes quant à l’identité celte des gaulois. Pour lui, la civilisation celtique existait avant tout dans le regard des Grecs et des Romains, sans que les Celtes eux-mêmes n’aient eu conscience d’appartenir à une communauté particulière. On retrouvera ces idées dans son Vercingétorix qui se veut aussi porteur d’une nouvelle interprétation de l’adversaire de César.

 

Un personnage méconnu

Le moins qu’on puisse dire est que les sources ne sont pas nombreuses concernant Vercingétorix. César, son vainqueur, constitue avec sa guerre des Gaules une source de premier ordre mais qu’il convient de prendre avec précaution. Jean-Louis Bruneaux utilise aussi Dion Cassius, Florus et fait appel aux dernières découvertes archéologiques sur la société gauloise et les Arvernes bien sûr, peuple dont Vercingétorix était issu. Assurément, il s’agit d’un aristocrate, dont des ancêtres ont été roi. Il est surtout le fils d’un homme, Celtill, qui a tenté d’imposer sa domination aux Arvernes et qui l’a payé de sa vie. Le suffixe « rix » (donc « roi ») accolé au nom de son fils indique bien la destinée à laquelle il pouvait prétendre.

 

Prendre au sérieux Vercingétorix

L’originalité de Jean-Louis Bruneaux est de prendre au sérieux Vercingétorix et sa rébellion contre les romains. Le jeune homme a d’ailleurs appris beaucoup d’eux du temps où il était otage de César. Ce dernier, Bruneaux le voit comme le « maître » du jeune gaulois, à partir de bien des passages de la guerre des Gaules et aussi de ce que le proconsul ne dit pas. Les qualités du jeune homme étaient immenses, on peut les mesurer à la rapidité de son ascension dans le monde gaulois.

La guerre que Vercingétorix livre aux romains est inspiré des tactiques de César. Et il est passé bien près de la victoire à Alésia, bien plus qu’on ne l’a longtemps cru. L’intérêt de cette biographie, à le mythequi a longtemps influencé les historiens, est de tracer le portrait d’un jeune gaulois bien influencé par les civilisations méditerranéennes, à l’image de la Gaule. Mais il ne fut pas un traître à la solde des romains, comme certains historiens l’ont dit.

À lire, pour réfléchir.

 

Sylvain Bonnet

Jean-Louis Brunaux, Vercingétorix, Gallimard, février 2018, 336 pages, 22 euros

 

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