Wonder Woman Rebirth, tome 3 – La Vérité (1ère partie)
Dans ce troisième tome de Wonder Woman Rebirth, les choses sérieuses commencent ! S’appuyant en grande partie sur son run précédent de l’Amazone, Greg Rucka tisse une trame narrative subtile, où il s’intéresse en priorité à l’entourage de Diana. Étonnant, mais réussi.
Wonder Woman ne peut plus retourner sur Themyscira, l’île des Amazones. En fait, la situation est encore pire : on lui refuse l’accès à l’Île du Paradis. Cette terrible révélation bouleverse Wonder Woman : la jeune héroïne craque, se recroqueville sur elle-même, catatonique. C’est à ce moment que son ennemi, la femme d’affaire Veronica Cale, choisit de la frapper. Heureusement, Steve Trevor parvient à sauver Diana. Mais il doit se résigner à la placer en hôpital psychiatrique : pour la soigner tout autant que pour la mettre à l’abri de ses ennemis…
Une bonne idée pas exploitée
Regardez bien la magnifique couverture de cet album : le miroir brisé, symbole des affres de l’âme, annonce des temps difficiles pour Wonder Woman. Greg Rucka, le scénariste, est un spécialiste des histoires aux héroïnes fortes. Son idée de la placer dans un sanatorium semble alléchante. Seulement tout se déroule comme si Rucka n’avait pas envie de la creuser plus que cela. Les scènes d’hôpital se résument donc à quelques hallucinations. Point. Dommage de ne pas avoir développé le concept.
Des personnages secondaires au premier plan
Diana à l’asile psychiatrique, c’est donc le reste du casting qui prend de l’importance. En fait, ce tome 3 se focalise sur les alliés et ses ennemies. Greg Rucka réactive des personnages qu’il animait déjà lors de son précédent run (à lire dans la collection Greg Rucka présente Wonder Woman chez Urban Comics). Et comme nous sommes dans l’ère Rebirth, il s’agit plus d’une relecture qu’une suite. On pourrait accuser Rucka de ne pas prendre de risque. On pourrait mais ce n’est réellement le cas. Rucka construit une histoire organisée de manière subtile. La lecture oscille entre le présent et des flash-backs. Progressivement, le passé vient éclairer énormément de détails de l’histoire présente. En quelques pages, le personnage de Veronica Cale s’étoffe, et même ses « acolytes » prennent une l’épaisseur inattendue.
Des styles graphiques tranchés au service de l’intrigue
Parmi les points positifs de ce tome 3 de Wonder Woman Rebirth, il faut compter avec Liam Sharp et Bilquis Evely, nouveau venu sur le titre. Chacun s’occupant d’une ligne temporelle différente, l’idée semble d’obtenir une ambiance graphique spécifique à une époque. Les deux artistes font des propositions graphiques intéressantes, mention spéciale à Liam Sharp lors des passages d’asile, particulièrement sophistiqués. L’inconvénient d’avoir des artistes aux styles différentes, c’est qu’on a parfois du mal à reconnaître les personnages d’une planche à l’autre.
Stéphane Le Troëdec
Greg Rucka (scénario), Liam Sharp, Bilquis Evely (dessin), Wonder Woman Rebirth, tome 3 – La Vérité (1ère partie), traduit de l’anglais par Thomas Davier, Urban Comics, Collection DC Rebirth, mars 2018, 176 pages, 17,50 euros