De QUOI j’m’emmêle !

Au temps jadis mon prince, on savait qu’un relatif était un bidule qui mettait en rapport deux éléments d’une phrase en faisant écho à un nom. En vertu de quoi il s’accordait en genre et en nombre avec ledit nom.

Il y a un point sur lequel il faut insister.

Il y a une question sur laquelle il faut se pencher.

Il y a des points sur lesquels il faut insister.

Il y a des questions sur lesquelles il faut se pencher.

Ce n’est a priori pas bien compliqué. Mais écoutez nos hommes politiques, nos orateurs, nos animateurs de radio et de télévision. Ils ont découvert la formule magique, le relatif tout terrain ! Alors même que la mode commande de genrer, le pronom lequel tend à tout supplanter.

On entend donc régulièrement des choses du genre :

  • Il y a une question sur lequel il faut se pencher.
  • Il y a des questions sur lequel il faut se pencher.

Si l’on veut absolument un passe-partout (ou un passe-presque-partout, puisqu’il est à utiliser avec modération), ce peut être quoi, qu’on trouve assez fréquemment chez Stendhal. Écoutons Robert sur ce sujet :

Lorsque l’antécédent n’est ni un pronom neutre, ni une proposition, l’emploi de lequel est beaucoup plus fréquent [que celui de quoi] :

Voilà la cause pour laquelle je me bats.

As-tu un objet avec lequel bloquer la porte ?

L’emploi de quoi reste toutefois possible :

Voilà la cause pour quoi je me bats.

As-tu un objet avec quoi bloquer la porte ?

Mais, comble du paradoxe, on n’emploie pas quoi là où il faudrait impérativement l’employer, autrement dit après quelque chose, qui, contrairement à ce que beaucoup pensent, n’est ni un masculin, ni un féminin, mais un neutre.

On entend ainsi régulièrement :

  • Quelque chose sur laquelle il faut insister.
  • Quelque chose sur lequel il faut insister.

Non, non, et non. Personne — en tout cas pour l’instant — n’aurait l’idée saugrenue de dire

  • quelque chose de belle.

Il faut donc dire :

Quelque chose sur quoi il faut insister.

Mais, comme disait Brassens ;

Que je me démène ou que je reste coi

Je passe pour un je-ne-sais-quoi !

FAL

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