« L’insu des Insus », l’album photo au cœur de la tournée

De 1976 à 1986, s’est écrite avec le groupe Téléphone l’une des plus belles pages du rock français. Après un dernier succès (Le Jour s’est levé) et un album fini dans la souffrance, le manque d’envie, le groupe s’est séparé et  les deux figures emblématiques ont chacune entamé une carrière solo. Jean-Louis Aubert (et Richard Kolinka) d’un côté, qui enchaîne les succès ; Louis Bertignac (et Corine Marienneau) de l’autre, qui devient jusqu’en 1991 Les Visiteurs, puis Bertignac seul comme compositeur et producteur.

 

Mais personne ne s’est remis de cette séparation. Reformer le groupe a été l’antienne pendant des années des journalistes qui croisaient l’un ou l’autre. Puis, à plusieurs reprises éphémères, on a vu Jean-Louis Aubert et Louis Bertignac ensemble sur scène, pour des performances où la joie se sentait de nouveau. A la batterie, Richard Kolinka, le compagnon de toujours. Mais pas de Corine Marienneau à la basse : sa relation avec Louis Bertignac a rendu sa présence inconfortable (1)… Puis, le 11 septembre 2015, le concert annoncé dans une petite salle de Paris (Le Point Ephémère) d’un groupe inconnu devient l’événement majeure de la scène rock française…

 

Les Insus

Les rares spectateurs de ce grand soir ont dû se dire, sur un fond sonore connu (les accords de Crache ton venin) : encore un groupe d’hommage à Téléphone ? Puis on a vu apparaître un par un les musiciens, plus Aleksander Angelov, qui a fait la tournée de l’album Houellebecq avec Jean-Louis Aubert, dont la qualité de jeu a vite fait oublier Corine, malgré les cris des fans de la première heure qui la réclamait… Les Insus (pour insupportables, avec le jeu de mot avec « téléphone / portable ») étaient nés !

Les trois amis s’étaient rapprochés depuis plusieurs années, mais il manquait l’envie. Et un jour pour l’anniversaire de leur manager François Ravard, en convalescence, ils ont fait un boeuf. Ce 26 avril 2015 tout est revenu, la musique aussi bien que la magie de jouer ensemble.

Reprenant les titre de Téléphone, avec un bonheur et une générosité incroyable, Les Insus ont depuis traversé la France de part en part pour deux années de concerts à guichet fermé. Preuve du succès, le CD du concert a été disque d’or en trois semaines…

 

On avait oublié de vous dire au revoir »

 

Retrouver leur première jeunesse, rejouer leurs titres (les plus fameux comme ceux que seuls les vrais fans peuvent chanter au premier accord), et reprendre sa place au somme de la chaîne alimentaire du rock français !

 

Extrait de L'Insu des Insus
© Barbara d’Alessandri

 

Barbara d’Alessandri, le 6e membre

Pour pénétrer dans l’intimité d’un groupe aussi sollicité, autant espéré, il faut parvenir à se faire oublier. Ou bien être de la famille. Barbara d’Alessandri a réussi la gageure de faire les deux à la fois. Comme Derek Riggs, le dessinateur d’Eddie the ‘ead, mascotte d’Iron Maiden, qui est devenu un membre à part entière du groupe, Barbara d’alessandri est sans conteste le 6e membre des Insus, après le manager François Ravard. Ses photographies accompagnent si bellement la tournée 2016 dans l’album que nous offre Sonatine ! Je vous invite à lire l’interview exclusive qu’elle a accordée à Boojum.

 

Portraitiste réputée, Barbara d’Alessandri a su se faire oublier pour saisir des regards d’une densité incroyable entre les vieux amis, ils se connaissent par cœur mais restent attentifs les uns aux autres. Bien sûr, des photos de concerts, sur toutes les dates de la tournée, des performances et cette joie magnifique pour ces sexagénaires de redevenir jeunes sur scènes. Mais aussi beaucoup de photos des répétitions, des préparations, des loges, aux essayages, aux balances. La majeure partie en noir et blanc, avec une profondeur incroyable et un sens du détail qu’on admire sans retenue.
Un album indispensable !

 

Extrait de L'Insu des Insus
© Barbara d’Alessandri

 

Loïc Di Stefano

 

Barbara d’Alessandri, L’Insu des Insus, Sonatine, novembre 2017, 268 pages, 35 euros

 

(1) Louis Bertignac explique cela très bien : « C’était impossible. Totalement. On n’aurait pas fait un concert entier. Il n’y a plus d’amour. Je ne peux pas jouer avec quelqu’un que je n’aime pas et qui ne m’aime pas. Un groupe, c’est une histoire d’amour. S’il n’y a pas d’amour, c’est pas possible. On ne s’est pas téléphoné pendant trente ans. »

 

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