Le chant de l’assassin, le passé revient toujours se venger

Un phénomène éditorial

Depuis le début des années 2000, le succès d’R.J. Ellory ne se dément pas. Des Anonymes (Sonatine, 2010) aux Anges de New York (Sonatine, 2012) en passant par Les Neuf cercles (Sonatine, 2015), l’auteur a désormais une base de lecteurs francophones en particulier plutôt fidèle, qui attend avec impatience chaque nouvel opus. On avoue ici avoir été un peu déçu par Les fantômes de Manhattan, thriller mémoriel mal maîtrisé. On espère donc beaucoup du Chant de l’assassin.

Deux gars, une fille : tragédie texane

Oublie pas ce que je t’ai dit, gamin. Garde les yeux et les oreilles ouverts, mais ferme ta gueule. Y en a pas un, là-dehors, qui va pas chercher à t’baiser. Et quand t’arriveras en enfer, regarde bien autour de toi. Je serai déjà dans les parages à t’attendre, une bouteille à la main. »

Le jeune Henry Quinn sort de prison et doit tenir une promesse faite à son codétenu, Evan Riggs : remettre une lettre à sa fille, Sarah, qu’il n’a jamais connue. Quinn part donc pour Calvary où il rencontre le frère d’Evan, Carson, shérif du coin. Il s’avère qu’il ne sait pas ce qu’est devenu Sarah et qu’il est peu enclin à aider son frère (un euphémisme). Peu à peu, Quinn découvre que de lourds secrets se cachent dans le passé. Carson a toujours jalousé Evan, le préféré de ses parents.

Mais quand vient le jour où Ralph Wyatt et sa fille Rébecca viennent s’installer sur un terrain proche de celui des Riggs, les choses se compliquent encore plus entre les deux frères. Tous deux s’éprennent de la jeune fille qui devra un jour choisir entre les deux frères. Evan devrait lui simplifier la tâche : il part en Europe faire la guerre, devient musicien de country.

Mais voilà, c’est lui qu’elle aime… vingt ans plus tard, Quinn, aidé de la jeune Evie, se retrouve dans un beau sac de nœuds qui risque de le ramener en prison, voire de lui coûter la vie…

La recette de la peur

Le Chant de l’assassin fera les délices des amateurs d’Ellory. On y retrouve une histoire familiale très lourde (comme dans Les Anges de New York), des secrets à révéler, des meurtres inexpliqués. On peut aussi voir dans le personnage de Carson de lointains échos du shérif de 1275 âmes de Jim Thompson mais sans le lyrisme mystique et torturé de ce dernier. On est ici face à thriller familial oppressant et violent, qui sera jugé comme réussi par les nombreux fans de l’auteur.

Il manque cependant un peu de folie, celle qu’on trouve chez des écrivains de romans noir comme Ellroy ou Burke. Pour autant, voici une belle lecture d’été.

Sylvain Bonnet

R.J. Ellory, Le Chant de l’assassin, traduit de l’anglais par Claude Demanuelli et Jean Demanuelli, Sonatine, mai 2019, 496 pages, 22 eur

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