Mécanique de la chute de Seth Greenland


New York se déchaine et nous sommes au spectacle !

Seul un new yorkais peut attaquer de front l’extrême diversité de cette ville qu’il envoie au pilori dans Mécanique de la chute. Un savant mélange en hommage au Bûcher des vanités.

Dans tout le pays, on enseigne aux policiers à utiliser des techniques non coercitives et à se faire obéir en usant d’un langage non menaçant. La tournure sauf votre respect a pour but de désamorcer la tension. L’expression je vous invite est une marque de bienveillance. Bien plus efficace que le traditionnel : descends ton cul de là. »

Amour, pouvoir, trahison & manipulation

Dans cette ville, de fortes personnalités sont influentes ou veulent le devenir, elles ne se côtoient pas ou peu mais les circonstances vont les rapprocher ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle.

Le premier H. Jay Gladstone issu d’une famille juive d’origine russe, des magnats de l’immobilier notamment les logements sociaux, qu’il a développé avec succès dont il a hérité de son père avec son frère. Il investit personnellement dans l’équipe de basket des Knicks dont il est propriétaire, respecté autant dans ses affaires que dans le sport.

Le second est une femme, l’ambitieuse Christine Lupo, procureure du Comté, qui cherche par tous les moyens à gravir les échelons pour devenir sénatrice. Il lui manque un « gros » coup médiatique pour s’imposer.

Trois évènements sans liens apparents vont allumer un feu qui ne s’éteindra plus. Tel un feu sans fin californien… Un jeune policier va tuer un homme noir en légitime défense, mais le peuple américain ne peut plus le concevoir et l’orage gronde.

Dag, le joueur vedette de l’équipe de basket, trop vaniteux pour revoir à la baisse son contrat à cause d’une saison moyenne, vire son agent et ami et tente de négocier directement avec son propriétaire Jay. Nicole, femme de Jay veut un enfant malgré leur contrat de mariage qui l’interdit, son mari ne voulant pas qu’elle l’utilise comme moyen de pression.

Tout va s’accélérer. Nicole va se retrouver dans les bras de Dag, surpris par son mari qui dans un accès de fatigue et de colère produira l’irréparable et Christine qui a trouvé le moyen de redorer son blason en prouvant qu’elle pouvait traiter un noir à l’égal d’un blanc en faisant passer l’éthique de son métier à l’index. La mécanique de la chute s’installe et un tourbillon infernal s’enchaine pour le meilleur ou le pire selon les protagonistes.

Cocktail satirique made in USA

Le Bûcher des vanités (1) est un des romans préférés de l’auteur et on peut imaginer assez rapidement qu’il l’a inspiré pour construire les personnages et l’intrigue finement ficelé. Malgré l’honnêteté apparente de certains, le pouvoir est au centre du jeu, car que l’on ait de l’argent ou que l’on veuille acquérir une nouvelle notoriété, finalement peu importe l’objectif si ce n’est la manipulation comme arme.

Dès que l’histoire s’est installée et que le drame est devant nos yeux on navigue en plein cauchemar avec une fin inexplicable ou insoutenable dépendant des sentiments que nous aurons ressentis pour le personnage.

Xavier de La Verrie

Seth Greenland, Mécanique de la chute, Liana Levi, septembre 2019, 672 pages, 24 eur

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