Guérilla tome I : le Jour où tout s’embrasa

« D’ordinaire il louait le vivre ensemble, mais maintenant qu’il l’avait sous le nez, il lui trouvait une drôle d’odeur. »

Combien de temps un pays démocratique déjà affaibli peut-il survivre à la dernière attaque ? La réponse de Laurent Obertone dans Guérilla : trois jours. Trois jours seulement. 

Un quartier sensible de la Courneuve (93) contenu depuis des années à coups de subventions secrètes, dirigé par les caïds et les religieux, une altercation entre une brigade de gendarmerie et une bande de jeunes défoncés qui tourne mal, et la Cité déclare la guerre ! Et toutes les cités s’y agglomèrent. Et les terroristes cachés dans la population se réveillent pour ne pas se laisser déborder et oublier. Et l’Etat montre sa nullité. Et les journalistes s’empressent d’appuyer cette révolte populaire si juste et si belle, aveuglés qu’ils sont par un décervelage méthodique et une politique du Vivre Ensemble qui a placé l’Autre au-dessus de toute valeur. Et les forces de l’ordre qui ont l’interdiction de riposter aux assauts, juste tenir et tenir encore comme un exutoire à cette violence. Trois jours d’une guérilla sanglante pour que la France tombe, après 2000 ans d’histoire et 50 ans d’une politique de soumission…

Parmi la foule, on préférait trahir sa conscience, plutôt qu’être suspecté de mal penser. Les délateurs citoyens étaient partout. On avait l’habitude d’adapter ses postures aux circonstances. Ceux qui parlaient de lâcheté, pour la plupart, se mentaient à eux-mêmes. Car presque tous étaient comme ça. »

Le roman d’Obertone pousse les limites de la vie sociétale française actuelle, sur-joue le « pas d’amalgame » et les réactions de pucelles effrayées de la gauche morale quand les coups portés à la République sont bien réels, et violents, et haineux. On retrouve en vrac les théories du Grand Remplacement (Renaud Camus) et les Femen, quelques pics astucieusement placées (cité Taubira, rue Méric…) et une charge au vitriol de la presse, des bobos qui s’empressent de se soumettre, d’une idée de la France… 

une écriture brutale

L’écriture vaut pour le rythme et les images. C’est un flot percutant et dérangeant, qui nous emporte toujours plus profond dans la bêtise et la noirceur. C’est une force brute qui va son chemin vers l’inéluctable fin, celle qu’on espère ne jamais voir se réaliser, celle que les hommes libres se préparent à affronter : le renversement de la République par une horde de sauvages nourris de l’intérieur et plus que de raison cajolés par un gouvernement oublieux des siens mais toujours premiers pour servir les autres. 

Guérilla sera ignoré par la presse mainstream parce qu’il dénonce ce qu’elle est et le pays qu’elle nous vend. Guérilla sera haï par les parangons de la pensée pleynelienne parce qu’il ose dire ce que sera la conclusion logique et douloureuse de leurs élucubrations. Guérilla sera pourtant à sa place, après Le Camp des Saints de Jean Raspail (ignoré en France mais étudié dans les universités américaines les plus sérieuses) et Soumission de Michel Houellebecq, à qui l’on a voulu faire porter le chapeau des attentats, dans les oeuvres littéraires porteuses d’une lucidité froide et juste sur la déliquescence de la France. Espérons que Guérilla ne sera ni annonciateur de notre futur réel, ni rejeté comme Cassandre s’il s’avérait que ce cauchemar advenait.

Alors ce roman pourra être considéré comme le dernier cri d’alarme et d’espoir pour qu’une prise de conscience se fasse, avant la fin du monde. « Dansons vite avant la fin du monde », cette phrase culte de Ring (magazine) pourrait faire encore sourire, si Obertone n’avait pas sonné la fin du monde. 

Loïc Di Stefano

Laurent Obertone, Guerilla, le jour où tout s’embrasa, Magnus, 21 euros

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