Vienne sous le soleil d’Austerlitz, zénith français

Vincent Haegle fait partie de cette génération d’historiens qui a émergé ces dernières années dans le domaine des études consacrées à la période de la Révolution et de l’Empire. On lui doit ainsi une biographie de Murat (Perrin, 2015), Napoléon et les siens, un système de famille (Perrin, 2018) et Révolution impériale (Passés composés, 2021). Il a décidé ici un livre à la ville de Vienne, occupée brièvement par Napoléon en novembre-décembre de l’année 1805, premier d’une série de quatre ouvrages.

Une capitale provinciale

De fait, Vienne est encore une ville à l’époque très « neuve », une capitale impériale en pleine croissance mais qui n’a pas encore pris l’importance culturelle qu’elle aura au XIXe siècle. C’est aussi une agglomération soumise à la censure, comme toutes les terres des Habsbourg anxieux de voir les idées des Lumières, tellement prisées de Joseph II, qui ont donné naissance à la Révolution, contaminer leur empire. On y parle encore français, grâce à la présence de princes wallons qui ont y trouvé refuge après l’annexion par la France de la Belgique. Soudée autour de son empereur François II, la population a du mal croire aux défaites… et au départ du souverain. L’arrivée des français se fait ensuite relativement facilement. Et la vie s’organise sous occupation étrangère, malgré les rixes inévitables.

La séduction de Napoléon

On le sait, l’empereur français, au zénith de son génie militaire, bat les austro-russes à Austerlitz. Il inflige à l’Autriche une paix assez dure, avec des contributions financières très importantes supportées par les finances impériales et les populations locales. Cependant, l’aristocratie vient voir Napoléon. Malgré l’hostilité générale, Napoléon séduit ces princes issus de lignées anciennes et prestigieuses. Le Saint-Empire romain germanique, déjà malade, entre alors en agonie car Bavière, Bade ou Wurtemberg profitent de l’ascendant français pour prendre leur indépendance par rapport au suzerain de Vienne. Une époque s’achève, bien analysée dans cet ouvrage érudit et pertinent.

Sylvain Bonnet

Vincent Haegele, Vienne sous le soleil d’Austerlitz, Passés composés, janvier 2024, 250 pages, 22 euros

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